Dans une lettre ouverte, signée par Générations Futures, adressée à Sébastien Lecornu, Premier Ministre, 117 organisations de la société civile, allant des associations environnementales aux groupes de santé publique et de consommateurs, appellent à la publication immédiate de la Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (SNANC), Cette stratégie attendue depuis juillet 2023, est essentielle pour protéger la santé des Français, lutter contre le changement climatique et promouvoir une alimentation plus durable.
Cette lettre met en lumière les retards accumulés sous plusieurs gouvernements successifs (Borne, Attal, Barnier et Bayrou), attribués en partie aux pressions de lobbies agroalimentaires.
Nous soulignons dans cette lettre l’investissement massif des parties prenantes : un travail interministériel impliquant les ministères de l’Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique, ainsi que des consultations auprès d’instances comme le Conseil national de l’alimentation (CNA), le Conseil national de la transition écologique (CNTE) ou le Haut Conseil de la santé publique (HCSP). Près de 4 000 contributions ont été recueillies lors de la consultation publique de mai dernier, témoignant d’un consensus large entre ministères, experts et société civile.
Cependant, la version fuitée de la SNANC révèle des reculs. Parmi les critiques principales :
- La suppression de toute référence à la réduction ou à la limitation de la consommation de viande, malgré un accord initial entre les ministères. Les signataires rappellent que le Haut Conseil pour le Climat préconise une baisse de 30 % de la consommation de produits d’origine animale d’ici 2050 pour respecter les engagements climatiques de la France. Sur le plan sanitaire, 63 % des Français dépassent les recommandations pour la charcuterie et 32 % pour la viande rouge, augmentant les risques de maladies comme les cancers, le diabète ou les troubles cardiovasculaires.
- L’absence de restrictions sur la publicité et le marketing des produits trop gras, sucrés ou salés, particulièrement ceux ciblant les enfants – une mesure soutenue par 83 % des Français et recommandée par un récent rapport des inspections générales (IGEDD, IGF et IGAC).
La disparition des recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS 4) et de la notion d’aliments « ultra-transformés ».
Il y a pourtant urgence : 16 % des Français ne mangent pas à leur faim, 20 % des étudiants recourent à l’aide alimentaire, et près de la moitié de la population est en surpoids ou obèse. Le diabète touche plus de 4 millions d’adultes, avec une augmentation de 160 % en 20 ans, tandis que l’alimentation représente 24 % de l’empreinte carbone française. Sans action, les coûts sanitaires et environnementaux s’élèvent à 19 milliards d’euros par an pour l’État.
Pour remédier à cela, nous demandons notamment :
- Interdire la publicité pour les produits trop gras, sucrés ou salés, surtout ciblant les enfants, et rendre obligatoire l’affichage du Nutri-Score sur les emballages et publicités.
- Fixer une trajectoire chiffrée vers un « moins et mieux » pour les produits animaux d’ici 2030, incluant une réduction de la consommation de viande (y compris volaille et charcuterie), tout en soutenant les productions durables françaises.
- Nommer un délégué interministériel chargé de la mise en œuvre et du suivi de la SNANC, avec des moyens adéquats.
Lire la lettre : Lettre ouverte SNANC