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Glyphosate et pollution de l’eau : publication d’un nouveau rapport

La pollution au glyphosate menace les eaux de surface européennes : nos ONG publient une nouvelle enquête inquiétante (1).

A l’heure où l’autorisation du glyphosate expire et que des discussions importantes sur son devenir vont se tenir le 15 septembre, avec un vote possible en octobre, nous demandons à l’Union européenne d’interdire cet herbicide pour protéger la qualité de l’eau et les écosystèmes aquatiques.

Glyphosate : une nouvelle enquête sur cet herbicide présent dans les rivières

Le glyphosate et son métabolite AMPA se trouvent dans les eaux de surface de 11 des 12 pays d’Europe ayant pris part à une nouvelle enquête, et ce même en dehors de la saison d’application des pesticides. C’est le constat inquiétant que révèle des analyses d’eau réalisées par un laboratoire indépendant pour le compte de nos ONG et publié dans un rapport diffusé ce jour par le réseau européen PAN Europe et le groupe Verts/ALE au Parlement européen. De la Pologne au Portugal, de la Belgique à la Bulgarie en passant par la France, nos eaux sont polluées par cet herbicide. Générations Futures, la branche française de PAN Europe, a participé à ces analyses. Or, la contamination de la ressource en eau par cet herbicide constitue une menace importante pour la vie aquatique et entraîne des coûts importants pour les compagnies des eaux européennes. Le fait que les échantillons d’eau aient été prélevés fin octobre 2022, à la fin de la saison agricole dans la plupart des pays, montre le caractère omniprésent de la contamination par le glyphosate. L’enquête met également en lumière l’absence d’un système européen de surveillance des eaux de surface, révélant ainsi une lacune réglementaire critique dans la sauvegarde de nos ressources en eau.

Détails des résultats : Dépassement du seuil de sécurité pour la consommation humaine dans l’eau.

Le glyphosate et/ou l’AMPA ont été détectés au-dessus de la limite de quantification de 0,2 μg/L (LOQ) dans 17 échantillons d’eau de rivière sur 23 (74 %), provenant de 11 des 12 pays. Des échantillons d’eau de rivière provenant d’Autriche, de Belgique, de Bulgarie, de Croatie, de France, d’Allemagne, de Hongrie, des Pays-Bas, d’Espagne, de Pologne et du Portugal ont été contaminés par l’une de ces substances. Ce n’est qu’en Slovénie qu’aucun glyphosate ou AMPA n’a été détecté. Les prélèvements ont été effectués dans la seconde quinzaine d’octobre 2022.

Sachant que la limite de sécurité de l’eau potable pour le glyphosate seul est de 0,1 μg/L, cinq des 23 échantillons d’eau (22 %) collectés en Autriche, en Espagne, en Pologne et au Portugal contenaient du glyphosate à des niveaux qui les rendraient impropres à la consommation humaine. Un échantillon au Portugal contenait 3 µg/L, soit 30 fois la limite pour l’eau potable.

Gergely Simon, responsable chimique principal chez PAN Europe, a déclaré : « Ces résultats soulignent que l’utilisation actuelle d’herbicides à base de glyphosate conduit à une exposition généralisée et inévitable à cette substance dangereuse. Une interdiction européenne est urgente pour protéger la qualité de nos eaux et de nos écosystèmes. »

Métabolite du glyphosate : L’AMPA comme un problème en soi

Des échantillons provenant d’Autriche, de Belgique, de Pologne, d’Espagne et du Portugal ont montré des concentrations de glyphosate ou du métabolite AMPA supérieures à 1 μg/L. De manière alarmante, 3 échantillons présentaient une contamination supérieure à 3 μg/L. La concentration la plus élevée mesurée était de 3,9 µg/L pour l’AMPA en Pologne.

Curieusement, l’AMPA, le principal métabolite du glyphosate, n’est actuellement pas considéré par la Commission européenne comme un métabolite pertinent pour l’eau potable, et la limite de 0,1 μg/L pour l’eau potable ne s’applique pas dans de nombreux pays de l’UE. Cela permet des concentrations élevées et potentiellement nocives d’AMPA dans l’eau.

Cela n’est pas conforme au récent document « Peer Review on glyphosate » (2), dans lequel l’EFSA indique clairement que « en ce qui concerne la toxicité générale, l’AMPA et le N-acétyl AMPA présentent un profil toxicologique qualitatif et quantitatif similaire à celui du glyphosate » et L’AMPA est plus persistant (3) dans l’environnement que le glyphosate.

Glyphosate  : Des dommages aux écosystèmes aquatiques.

Les preuves scientifiques montrent que le glyphosate et l’AMPA présentent un risque important pour les écosystèmes aquatiques, aux concentrations trouvées dans l’environnement par l’étude de PAN Europe. Il a été démontré que même de faibles niveaux de glyphosate ont un impact sur la croissance et le développement d’espèces aquatiques clés, depuis les plantes et algues jusqu’aux poissons et amphibiens, ce qui indique les risques d’une exposition prolongée du milieu aquatique. L’exposition aux herbicides à base de glyphosate, qui contiennent également des tensioactifs et d’autres coformulants, est généralement encore plus toxique que le glyphosate seul. L’exposition continue aux herbicides à base de glyphosate diminue non seulement la qualité de l’eau, mais met également en danger nos écosystèmes et leur fonctionnement.

Le glyphosate a été classé (4) comme toxique pour la vie aquatique, avec des effets à long terme (Aquatic Chronic 2 ; H411). Il existe des preuves scientifiques qui justifient une classification plus élevée de la catégorie 1 de toxicité chronique aquatique. Selon la législation européenne sur les pesticides, l’utilisation de pesticides ne devrait pas avoir d’impact négatif sur la santé humaine et animale ou sur l’environnement. Cela inclut les plus vulnérables, comme les enfants et les bébés, ainsi que la biodiversité et les écosystèmes.

L’EFSA identifie des lacunes dans les données sur la toxicité aquatique.

Les récentes conclusions de l’EFSA sur le glyphosate ont identifié des lacunes dans les données (5) concernant sa toxicité aquatique. Ces lacunes dans les données, les études indépendantes sur l’impact du glyphosate et de l’AMPA sur la vie aquatique et nos conclusions concernant les niveaux actuels de contamination par le glyphosate et l’AMPA de nos eaux de surface indiquent que les critères d’approbation ne sont pas remplis.

Glyphosate : les conclusions

Le glyphosate est partout. On le trouve dans l’urine humaine, la poussière domestique, les sols et les eaux de surface. La présence de glyphosate comme contaminant dans les écosystèmes aquatiques soulève d’importantes inquiétudes quant à la qualité des ressources en eau et à l’exposition des différentes espèces aquatiques. Le glyphosate et son métabolite AMPA ont été identifiés comme présentant des risques majeurs (1) pour les milieux aquatiques.

Ces résultats sont préoccupants compte tenu des preuves scientifiques soulignant les risques que le glyphosate et l’AMPA posent aux écosystèmes aquatiques, y compris aux concentrations mesurées. Ces résultats ainsi que les données scientifiques et de surveillance sur la contamination de nos eaux par le glyphosate soulignent que l’utilisation actuelle de produits à base de glyphosate peut conduire à une exposition généralisée et presque inévitable à cette substance dangereuse. Une interdiction européenne est donc urgente pour protéger la qualité de nos eaux et de nos écosystèmes !

Appel à l’action contre l’autorisation du glyphosate

« Pour faire face aux conséquences considérables sur la qualité de l’eau et aux effets néfastes observés sur un large éventail d’espèces, y compris les humains, il est impératif que la Commission européenne et les États membres de l’UE s’opposent au renouvellement de l’autorisation du glyphosate et prennent des mesures décisives pour éliminer progressivement l’utilisation de produits à base de glyphosate. » Déclare François Veillerette, Porte-parole de Générations Futures et administrateur du Pesticide Action Network Europe.

Nous demandons également :

  • L’adoption de la proposition de la Commission relative au règlement sur l’utilisation durable des produits phytopharmaceutiques, fixant des objectifs juridiquement contraignants visant à réduire de moitié l’utilisation et les risques liés aux pesticides chimiques d’ici 2030, et à interdire l’utilisation de tous les pesticides chimiques dans les zones sensibles utilisées par le grand public et d’intérêt écologique. Les pesticides ne doivent pas être utilisés à moins d’une distance de 50 m ou, comme certaines recherches le suggèrent, de 100 m de ces zones, afin d’assurer leur protection.
  • La fixation d’une Norme de Qualité Environnementale (NQE) pour le glyphosate et l’AMPA dans les eaux de surface au même niveau que l’eau potable (0,1 μg/L), afin de protéger la santé humaine et la biodiversité des écosystèmes aquatiques ( au lieu de 0,5µg/l comme proposé actuellement).
  • L’inclusion de toutes les études de la littérature scientifique dans l’évaluation de la toxicité du glyphosate, sachant que souvent les produits à base de glyphosate sont bien plus toxiques pour certaines espèces que le glyphosate seul.

 

 

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