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Pesticides et abeilles

Pesticides et abeilles : les alertes se succèdent, mais l’action publique tarde au niveau européen, tant au niveau des pesticides que de l’impact des pratiques agricoles sur l’habitat des pollinisateurs !

Par François Veillerette, porte-parole de Générations Futures

Greenpeace vient de sortir un nouveau rapport – un de plus !- montrant clairement les risques que certains pesticides et plus largement les pratiques agricoles intensives font courir aux populations d’abeilles et de pollinisateurs. Cette publication intervient après une pétition lancée par Générations futures et l’Union Nationale de l’Apiculture demandant l’interdiction des insecticides néonicotinoïdes qui a réuni à ce jour près de 360 000 signatures[1] !

Au niveau français cette inquiétude a été partiellement entendue avec notamment l’interdiction du Cruiser en enrobage des graines de colza en 2012. Mais l’enjeu principal se situe bien sûr au niveau européen, niveau auquel on autorise ou pas telle matière active pesticide. Force est de noter que ces campagnes, qui viennent s’ajouter aux efforts déployés par les organisations apicoles depuis plus de 10 ans maintenant et au bon rapport publié par l’EFSA sur la dangerosité de trois néonicotinoïdes en janvier dernier,  n’ont toujours pas suffit à emporter la décision au niveau européen ! En effet, le 15 mars dernier  le comité d’experts de la Commission européenne n’a pas entériné l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes toxiques pour les abeilles. L’Allemagne et l’Angleterre, pays tête de file de la défense de l’industrie agrochimique en Europe ont réussi à empêcher une majorité de se dégager lors de ce vote. Au passage on ne peut que constater que les ‘experts’ de ce Comité se prononcent souvent non pas en fonction de l’état de la science mais plutôt en fonction de l’intérêt économique bien compris du pays qu’ils représentent. C’est clairement le cas de l’Angleterre et de l’Allemagne qui protègent ainsi les intérêts économiques de leur secteur agrochimique avant tout… Mais la Commission soumettra sa proposition à un nouveau vote dans les prochaines semaines, tout reste donc possible.

Plus généralement, et au-delà de ce combat autour de quelques pesticides spécifiques et de leurs impacts sur les pollinisateurs, c’est le choix du modèle agricole européen qui est en cause, et le rapport de Greenpeace nous le rappelle aussi. En effet, la raréfaction des pollinisateurs en milieu rural tient également très fortement à la désertification croissante des zones de grandes cultures. Il faut donc mettre en place aujourd’hui une politique agricole qui bien sûr fasse moins appel à des pesticides dangereux mais fournisse également à ces insectes les habitats dont ils ont besoin !  C’est l’agriculture biologique qui n’utilise pas des pesticides de synthèse d’abord mais aussi les systèmes de production intégrés qui permettent de réduire fortement leur utilisation. Il faut également mettre fin d’urgence aux monocultures et à l’hyper spécialisation des régions qui crée de véritable déserts agricoles (au sens de déserts pour la biodiversité) dans certaines partie du pays (en France, en gros le Sud est dédié au maïs et le nord au blé !). Il faut au contraire rendre obligatoire la rotation des cultures partout, gage de biodiversité cultivée, en introduisant dans ces rotations des plantes qui permettent aux abeilles de se nourrir tout en enrichissant les sols. Ces rotations font d’ailleurs parties des conditions indispensables à la mise en œuvre de pratiques agricole moins gourmandes en pesticides. Il faut mettre en place des surfaces de compensation écologiques suffisamment importantes dans les exploitations (haies, bandes enherbées …) Toutes ces demandes pourraient être mises en œuvre demain si l’Union européenne voulait enfin, se doter d’une Politique Agricole Commune qui prenne vraiment en compte les questions environnementales. Le maintien d’une PAC à l’horizon 2020 ne se justifie d’ailleurs que dans la mesure où elle contribue à la mise en place d’une agriculture réellement durable à l’échelle européenne, ce qui suppose de réorienter les dépenses vers une véritable écologisation des systèmes agricoles.

Notre Ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, aura l’occasion, dans les semaines qui viennent, de montrer son engagement sur ces questions. A la fois en pesant sur la décision du Comité d’experts européens qui doit prochainement prendre une décision sur les insecticides néonicotinoïdes mais aussi, et peut être même surtout, lors du trilogue sur la PAC qui va débuter  jusqu’à la fin juin entre le Conseil des Ministres de l’Agriculture , le Parlement Européen et la Commission européenne. De ce trilogue naîtra la future politique agricole européenne. On peut craindre que beaucoup ait déjà été perdu au cours des derniers mois des intentions initiales du Commissaire Ciolos. Stéphane le Foll doit maintenant sauver l’essentiel…aussi pour sauver les abeilles en obtenant un bon niveau de ‘verdissement’ de l’agriculture européenne !

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