Evaluation de l’exposition des riverains aux pesticides par l’ANSES : un avis théorique qui ne tient pas compte de la réalité.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES ) vient de rendre son avis [1] « scientifique » relatif à une demande de la Direction Générale de l’Alimentation (DGAL – service en charge des pesticides au Ministère de l’Agriculture) pour réévaluer le dispositif réglementaire destiné à protéger les riverains des zones traitées par des pesticides.
Générations Futures déplore les conclusions de cet avis uniquement basées sur une évaluation du risque théorique qui ne tient pas pleinement compte de la réalité du terrain, des pratiques des utilisateurs et surtout fait fi des études épidémiologiques mettant en garde sur des problèmes sanitaires liés à l’exposition aux pesticides par l’environnement agricole[2] !
Rappel du contexte. En novembre 2013, la DGAL saisissait l’ANSES sur la pertinence de mettre en place des Zones Non Traitées près des lieux de vie dites « ZNT habitation » en vue de protéger les citoyens contre les pulvérisations de pesticides dont ils sont victimes. L’avis devait être rendu fin mars 2014, mais le sujet étant sensible et les tensions nombreuses à l’intérieur même de l’ANSES, l’avis n’a été signé que le 20/06 et rendu publique sur le site de l’ANSES, ce jour, jeudi 26 juin.
Des conclusions théoriques. Les conclusions de cet avis ne reposent que sur une modélisation théorique de l’exposition des riverains sans prendre en compte l’action spécifiques des perturbateurs endocriniens, sans se soucier des effets cocktails, sans s’interroger sur l’exposition des femmes enceintes et du fœtus et sans prendre en compte les nombreuses études épidémiologiques s conduites sur le sujet depuis plus de 10 ans en France et dans le monde.
Le mérite de cet avis est cependant de reconnaitre, grâce aux nombreux témoignages de riverains victimes des pesticides et à l’action de Générations Futures en ce domaine, que la règlementation sur la mise en œuvre des traitements n’était pas toujours respectée et que cela « pouvait justifier de nouvelles dispositions réglementaires ».
« Plutôt que de travailler uniquement sur une évaluation du risque théorique dont on connait les très grandes limites, pourquoi, durant ces longs mois l’ANSES n’a-t-elle pas interrogée les chercheurs en épidémiologie qui travaillent sur ces sujets sensibles et connaissent les dangers associés à l’exposition aux pesticides par l’environnement, tout particulièrement pour les personnes les plus vulnérables ? Pourquoi n’a-t-elle pas analysé les témoignages nombreux fournis par des dizaines de citoyens qui vivent, eux, dans la vie réelle, au lieu de se contenter de simulations scientifiques, certes, mais théoriques et qui ne prennent pas en compte les modes d’action spécifiques des perturbateurs endocriniens ? » Déplore François Veillerette, porte-parole de Générations Futures . «Il est temps aujourd’hui que le législateur répare ses manques en prescrivant lors du vote de la Loi d’Avenir pour l’Agriculture les 7 et 8 juillet prochains des zones sans pesticides autour des lieux accueillant les enfants et les femmes enceintes : écoles, crèches, terrains de jeu et aussi bien sûr, les domiciles où vivent ces personnes ! » Ajoute t’il.
News : la pétition[3] lancée par Générations Futures sur la plateforme change a obtenu plus de 88 000 signatures en moins d’une semaine. Nous invitons les citoyens à poursuivre leurs efforts en signant et relayant cette pétition.
[2] Une récente montre ainsi un risque accru d’autisme pour les enfants dont la mère a été exposée pendant la grossesse à certains pesticides par son environnement agricole. Lire : http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/06/23/les-pesticides-pourraient-avoir-un-lien-avec-la-survenue-de-l-autisme_4443252_3244.html