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PFAS : Surveillance des eaux en Auvergne Rhône-Alpes

Générations Futures accueille avec satisfaction la publication par l’ARS AURA des résultats de surveillance des PFAS dans les eaux potables et les rejets industriels de sa région, mais demande des compléments.

Les PFAS en Auvergne Rhône-Alpes

Contexte

Lundi 15 janvier, l’ARS Auvergne Rhône Alpes a publié les résultats de leur campagne régionale de surveillance des PFAS dans les eaux de consommation et dans les rejets des sites industriels. Générations Futures salue les efforts de recherche et de transparence de l’ARS AURA mais souligne les limites de ces analyses conduisant à une probable sous-estimation des résultats.

Pour rappel, le suivi des PFAS dans les eaux de consommation sera intégré au programme réglementaire de contrôle sanitaire à partir de janvier 2026. Cependant, et devant l’étendue de la pollution des eaux aux PFAS dans le sud de Lyon, mis en évidence par Martin Boudot et Vert de Rage en octobre 2022, un suivi à l’échelle de la région a été établi pour ces eaux. 

Une part importante des eaux non-conformes

En tout, ce sont 78 sites de captage d’eau potable qui ont été analysés, comme indiqué sur la carte ci-dessous. Sur l’ensemble de ces sites, 7 ont été évalués non-conformes, 11 doivent être suivis afin de confirmer une potentielle non-conformité, les autres ont été jugés conformes par l’ARS. 

166 000 citoyens sont concernés par les 7 sites non conformes, 158 000 par les sites “à confirmer”. En tout c’est donc plus de 300 000 riverains qui pourraient consommer des eaux dont les teneurs en PFAS sont supérieures à 0,1 µg/l! 

De plus, même les sites jugés conformes contiennent des PFAS. La conformité a été établie uniquement sur la base de cette limite de 0,1 µg/l, sur laquelle nous reviendrons plus tard, mais pas sur l’absence de PFAS ou sur des données toxicologiques. Ainsi, la carte des communes où ont été réalisées les analyses est édifiante : des PFAS sont retrouvés dans presque toutes les communes, et seulement deux ont des taux suffisamment bas pour ne pas être quantifiés.

Carte des communes où les prélèvement ont eu lieux – Réalisée sur Google Maps

Vert : PFAS inférieur à la limite de détection

Jaune : PFAS détecté mais eaux conformes (aucune analyse supérieure à 0,1 µg/l)

Oranges : Conformité à confirmer (1 ou 2 analyses supérieures à 0,1 µg/l)

Rouge : Eaux non conformes ( au moins 3 analyses supérieures à 0,1 µg/l)

On remarque donc que loin de n’avoir que quelques points non conformes, la pollution au PFAS et l’exposition des population est générale dans la vallée du Rhône! Le nombre de stations classées non conforme est bien plus lié à la limite choisie de 0,1 µg/l.

Une limite arbitraire ?

Comme rappelé par l’ARS dans leur publication, la limite de 0,1 µg/l n’est pas une valeur issue d’une norme sanitaire, mais une mesure de gestion. Ainsi, cette limite ne se base sur aucuns résultats permettant de lier les niveaux de PFAS à des effets néfastes pour l’être humain ou pour l’environnement. 

Si les situations de non-conformité ne sont ainsi pas synonymes de restriction sur l’eau distribuée, les situation de conformité ne signifient pas non plus l’absence d’exposition ou de risques pour les populations

Les sites industriels 

Du côté des résultats des analyses faites par la DREAL pour les sites industriels : sur les 156 sites, 15 présentent des niveaux de PFAS nécessitant des analyses complémentaires ainsi qu’un plan d’action potentiel. Pour 6 d’entre eux, les eaux en entrée seraient elles-mêmes contaminées aux PFAS. Les autres sites ne nécessitent pas de suivi particulier selon l’ARS, hormis les campagnes d’analyse prévues pour certaines installations classées. 

Hors que nous disent ces résultats ? Si pour 39 d’entre eux, les PFAS n’ont pas pu être détectés, indiquant une concentration inférieure à 10ng/l, des PFAS sont bien détectés en concentrations diverses pour tous les autres sites. Il n’est de plus pas indiqué quelle limite a été choisie afin de demander des investigations par la DREAL. S’il est positif de voir un suivi des PFAS dans les rejets industriels, celui-ci manque encore de pertinence et de transparence.

De plus, il nous semble capital de souligner que certains sites dont les taux de PFAS sont jugés élevés ne font pas partie des catégories qui seront suivies via l’arrêté du 20 juin 2023. Ainsi, cette législation montre ces limites et indique que malgré des efforts faits pour suivre les rejets en PFAS des industriels, d’autres décisions doivent être prises afin de permettre plus d’efficacité et d’exhaustivité.

Un pas en avant vers plus de transparence

Seuls les résultats pour la somme de 20 PFAS dans les eaux potables sont publiés par l’ARS. Or certains PFAS sont bien plus impactant que d’autres, tel que le PFOA ou le PFOS, qui sont déjà interdits, mais qui sont encore retrouvés dans divers milieux. En fonction des détails des concentrations, certains résultats jugés conformes par l’ARS pourraient en réalité mener à des expositions intolérables à des composés fluorés nocifs. Il est capital que l’ARS soit plus transparente sur ces résultats et publie l’intégralité de ces derniers. 

Il en va de même pour les rejets des industriels, où seul le total des 20 PFAS suivis pour l’eau potable est disponible. Là encore, le besoin d’avoir accès aux résultats complets est impératif pour déterminer plus précisément l’impact des rejets et les expositions.

Il est de plus indiqué que les PFAS suivi sont uniquement les 20 établis par la Directive eaux potables, étape nécessaire mais qui est loin d’être exhaustive ; certains composés comme le TFA, ou le 6:2 FTS, substance rejetée par Arkema au Sud Lyon, ne sont pas inclus dans cette liste. Il est donc possible d’avoir des concentrations en PFAS bien plus élevées ! La surveillance établie par l’ARS et la DREAL de la région Auvergne Rhône Alpes reste encore à améliorer et ne permet pas de bien établir les concentrations en PFAS de manière pertinente.

Comme indiqué dans plusieurs de nos rapports, les PFAS se retrouvent aussi bien dans les emballages alimentaires que dans les eaux, les sols et l’air. Au vue de l’étendue de la pollution au PFAS, il semble urgent de mener des campagnes d’analyses sur les eaux potables à l’échelle nationale et de généraliser le suivi des PFAS dans les rejets industriels.

Et après ?

Les situations de non-conformité pour l’eau potable, concernant 166 000 citoyens, sont à gérer par les personnes responsables de la production et de la distribution d’eau au niveau local. S’il est appréciable que des plans de gestion soient mis en place pour, il manque cependant une stratégie globale sur la pollution au PFAS, aussi bien dans les eaux potables que dans d’autres vecteurs d’expositions. Le plan d’action sur les PFAS du ministère de la transition écologique, paru en janvier 2023, n’est pas adapté et peu ambitieux en comparaison de l’étendu du problème des PFAS. Une systématisation des analyses entreprises par l’ARS Auvergne Rhône Alpes, une recherche des PFAS dans les aliments ou des mesures préventives ainsi que de dépollution sont bien le minimum si le gouvernement souhaite réellement s’attaquer à ces polluants éternels.

Il est laissé à la discrétion des industriels de gérer les PFAS dans leurs effluents et de proposer des plans d’actions afin de diminuer leur concentration. Alors que le problème de la pollution généralisée des PFAS est de plus en plus pris en compte, il est nécessaire que ces industriels fassent preuve de plus de transparence sur les substances rejetées, les actions mises en œuvre pour les réduire et les risques pour les habitants. 

Nos demandes : 

  • Nous souhaitons tout d’abord remercier l’ARS Auvergne Rhône-Alpes pour la publication de ces résultats, mais nous souhaiterions également que l’ensemble de ceux-ci, avec les détails des concentrations pour chaque PFAS, soit rendu disponible.
  • La révision de la limite de gestion de 0,1µg/l, pour une limite sanitaire propre à chaque PFAS détecté permettant d’assurer la non exposition des populations à des composés nocifs.
  • Nous souhaitons également souligner les limites de se restreindre aux 20 PFAS prévus pour les eaux potables et les rejets industriels, car d’autres composés comme le TFA, le 6:2 FTS et d’autres encore n’en font pas partie.
  • Nous recommandons aux autres ARS régionales de lancer des campagnes similaires et de publier leurs résultats, ce afin d’informer les citoyens et élus ainsi que de faciliter le suivi des pollutions aux PFAS.

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