Générations Futures révèle dans un rapport paru ce jour comment les études montrant les effets négatifs du glyphosate ont souvent été rejetées de manière injustifiée (non scientifique) lors de l’évaluation.
Beaucoup a déjà été dit sur l’évaluation du glyphosate. Les « Monsanto Papers », l’affaire des copiés/collés du dossier de l’industrie dans le Renewal Assesment Report – rapport d’évaluation des risques (RAR)… montrent que l’analyse des données scientifiques disponibles dans le dossier conduit à sous-estimer la dangerosité de cette molécule. Pourtant un précédent rapport (1) traduit par Générations futures a montré par ailleurs que les preuves de la cancérogénicité du glyphosate étaient disponibles dans le dossier d’évaluation.
Mais comment toutes ces études montrant la dangerosité du glyphosate sont-elles non seulement ignorées par l’industrie mais aussi rejetées par les agences lors de l’évaluation ? Générations Futures et PAN Europe ont voulu en savoir plus. Nous avons recruté un consultant (2) indépendant pour effectuer une analyse du rapport d’évaluation des risques du glyphosate (RAR) afin de répondre à la question : « comment les études montrant les effets négatifs du glyphosate (autant universitaires que produites par les firmes elles-mêmes) sont-elles rejetées lors de l’évaluation ? Les motifs de rejets sont-ils vraiment solides scientifiquement ? »
Résultats de l’enquête sur le dossier d’évaluation
Les résultats de l’analyse des motifs de rejets des études montrant une toxicité du glyphosate sont atterrants.
- Tout d’abord le rapport d’évaluation des risques du glyphosate (le RAR) du glyphosate ne contient que 51% des études universitaires publiées qui devraient s’y trouver (c’est-à-dire 76) …dont seulement 24 ont été discutées de quelque façon que ce soit.
- De même de nombreuses études de l’industrie, ne sont tout simplement pas évaluées en donnant une raison scientifique spécifique pour rejeter ou accepter leurs conclusions. Au total, ce sont 49 rejets de résultats de toxicité donnant une raison à ce rejet que notre rapport a étudiés et critiqués. Les motifs pour lesquels les effets de toxicité du glyphosate sont le plus souvent rejetés sont d’après notre analyse : l’utilisation contestable de données de contrôle historique(5), le déclassement arbitraire quasi systématique des études ne suivants pas les lignes directrices et les Bonnes Pratiques de Laboratoire à travers l’utilisation de la classification de Klimisch (6), la non prise en compte des effets sur certains organes (6), la non prise en compte des études ne montrant pas une relation dose/effet (6)…
Au total notre recherche montre que sur 49 motifs de rejets ayant pu être expertisés, 45 l’ont été pour des raisons contestables ou très contestables scientifiquement.
Conclusions
Un tel rejet constant et radical de conclusions d’études; le manque de beaucoup d’autres données importantes; et l’absence d’évaluation de beaucoup d’autres signifie que cette non prise en compte d’ études importantes et souvent répétée sur les effets dangereux du glyphosate sur les mammifères, tels que les humains, conduit certainement à un manque de protection du public contre les dangers de ce pesticide. Il y a tout simplement trop de signes de toxicité en deçà de la dose supposée sans effet; et trop de résultats n’ont pas été évalués.
« Ceci montre que l’évaluation du glyphosate n’a pas été faite de manière satisfaisante et qu’il ne devrait donc pas être autorisé à nouveau. » Déclare François Veillerette, directeur de Générations Futures. « Générations Futures et PAN Europe espère que le gouvernement français prendra ces éléments en compte en décidant de ne pas voter pour le renouvellement de l’autorisation du glyphosate en Europe lors de la prochaine.réunion du Scopaff le 9 novembre prochain, suivant ainsi l’exemple de l’Allemagne, de l’Autriche ou de l’Italie » Ajoute-t’il.
Lire le rapport en entier
Dossier de presse sur le dossier d’évaluation du glyphosate
report in English
Press release in english
Ci-dessous, un résumé détaillé de notre critique de chaque étude de toxicité du glyphosate (autre que la toxicité aiguë et l’écotoxicité), qu’elle soit réalisée par l’industrie ou par les universités, qui a été rejetée pour une raison scientifiquement spécifiée.
En résumé :
2 : Tony Tweedale, (M.S). R.I.S.K. (Rebutting Industry Science with Knowledge) Consultancy . Bruxelles, BE.
Revue de presse :
- La France agricole : Générations Futures encore en croisade
- Actu-Environnement : Glyphosate : des études scientifiques accablantes ont été rejetées sans raison valable selon les ONG
- L’Humanité : Pesticides. L’étude qui enterre encore le glyphosate
-
Techniques de l’Ingénieur : Glyphosate nouveaux éléments à charge dans son évaluation !