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Le bicarbonate de soude plus dangereux que les pesticides de synthèse ?

Les décideurs de l’UE sont sur le point d’approuver un indicateur trompeur sur les pesticides

Alors que le Conseil ouvre aujourd’hui les négociations sur les  » objectifs et indicateurs « , l’initiative citoyenne européenne  » Sauvons les abeilles et les agriculteurs  » et ses membres comme Générations Futures en France et le mouvement biologique européen mettent en garde contre la désinformation généralisée et la tromperie des citoyens européens concernant les progrès réalisés dans la réduction de moitié de l’utilisation et des risques liés aux pesticides dans l’UE.

«  L’indicateur proposé par la Commission pour mesurer la réduction des pesticides crée l’illusion d’une réduction des pesticides sur le papier, alors que l’utilisation des pesticides et les risques sur le terrain peuvent même augmenter« , déclare Helmut Burtscher-Schaden, biochimiste à GLOBAL 2000 – Friends of the Earth Austria et porte-parole de « Save Bees and Farmers » : « Cet indicateur mal conçu et trompeur crée des incitations massives à l’utilisation des pesticides les plus toxiques. S’il est adopté, la mortalité des abeilles, la pollution de l’eau et la contamination des sols pourraient même augmenter, tandis que les responsables politiques de l’UE se glorifieront d’une réduction des pesticides fabriquée de toutes pièces. »

Règlement pesticides : Des  décisions imminentes

D’intenses négociations sur la réduction des pesticides se déroulent actuellement au sein des institutions européennes. Aujourd’hui, les États membres discuteront au sein d’un groupe de travail du Conseil de l’indicateur à utiliser pour mesurer l’utilisation des pesticides, et un vote crucial aura lieu le 24 octobre dans le cadre de la Commission Environnement au Parlement européen sur le « Règlement sur l’utilisation durable des pesticides » (SUR). Le caractère frauduleux de la méthode actuelle proposée par la Commission pour mesurer le risque et l’utilisation des pesticides réside dans les erreurs conceptuelles de l’indicateur qui a servi de modèle : l’indicateur de risque harmonisé 1 (HRI 1).

Indicateur pesticides  : Qui a peur du bicarbonate de soude ?

La nature trompeuse de l’indicateur découle de deux erreurs conceptuelles inhérentes, qui sont expliquées en détail dans une vidéo de 5 minutes publiée aujourd’hui. S’appuyant sur les chiffres de vente des Pays-Bas, la vidéo montre comment l’interdiction récente, à l’échelle de l’Union européenne, du pesticide le plus vendu auparavant a conduit à une réduction illusoire des pesticides d’environ 60 % en un an seulement (de 2021 à 2022) – une réduction qui, notamment, n’existe que sur le papier, puisque la substance active interdite est immédiatement remplacée par d’autres substances comparables. La vidéo révèle également comment l’outil de mesure défectueux calcule un risque huit fois plus élevé pour un pesticide organique inoffensif (le bicarbonate de soude), classé comme substance « à faible risque », par rapport à un pesticide dangereux avéré (le difénoconazole), classé comme candidat à la substitution.

Solution proposée par l’Agence fédérale allemande de l’environnement

« Il est difficile de comprendre comment un indicateur aussi défectueux a pu se retrouver dans la proposition législative relative à la réduction des pesticides dans l’UE. Heureusement, il existe déjà une proposition qui pourrait rectifier ces graves défauts en incorporant les données existantes du processus d’approbation harmonisé de l’UE pour les substances actives. Cette proposition a été élaborée par des experts de l’Agence fédérale allemande de l’environnement, en s’inspirant d’indicateurs de pesticides bien établis tels que l’indice de fréquence de traitement (IFT) danois et le « NODU » (nombre de doses unitaires) français, et a été soutenue par le rapporteur de la SUR, l’eurodéputée Sarah Wiener », déclare Helmut Burtscher-Schaden.

L’indicateur trompeur HRI1 compromet les objectifs de la Stratégie ‘de la ferme à la fourchette’ ( Farm to Fork en anglais)

Il est urgent de corriger ces erreurs conceptuelles car l’indicateur proposé crée des incitations qui vont à l’encontre des deux principaux objectifs de la stratégie « de la ferme à la fourchette », à savoir la réduction des pesticides et le développement de l’agriculture biologique. En fin de compte, cela met en péril le succès global du Green Deal européen.

« L‘agriculture biologique a un grand potentiel pour soutenir la transition urgente vers une agriculture plus respectueuse de la biodiversité et du climat. Cependant, l’indicateur actuellement proposé pour mesurer la réduction des pesticides donne à tort l’impression que c’est l’agriculture biologique qui pose problème plutôt que les pesticides synthétiques toxiques, et n’incitera pas à développer l’agriculture biologique« , déclare Eric Gall, directeur adjoint d’IFOAM Organics Europe. « En tant qu’organisation ‘chapeau’ de l’agriculture biologique européenne, nous avons informé tous les États membres de ce problème et proposé une solution. Il appartient maintenant aux ministres de l’agriculture du Conseil de corriger les défauts de l’indicateur en conséquence« .

Ensemble, IFOAM Organics Europe et « Save Bees and Farmers » et ses membres, comme Générations Futures en France, appellent tous les décideurs du Parlement et du Conseil à ne pas adopter un outil de mesure qui tournerait en dérision les plans de réduction des pesticides de l’UE : la stratégie « de la ferme à la table » et les citoyens de l’UE méritent un indicateur transparent et raisonnable qui fournisse des informations fiables.

Documents à consulter :

Vidéo de 5 minutes en français :

Note d’information (en anglais)

 

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