Suite à la publication le 5 mars des résultats de la campagne d’analyses de PFAS et de TFA (acide trifluoroacétique) dans l’eau des captages du nord du Gard par l’ARS Occitanie, Générations Futures réagit et rappelle l’urgence d’une réglementation plus protectrice face à ces polluants éternels.
Des analyses qui confirment nos alertes
Suite aux analyses et révélations de Générations Futures sur la présence de TFA dans les eaux dans la zone de Salindres en 2024, à proximité de l’usine Solvay (usine productrice de PFAS), l’ARS Occitanie s’était engagée en janvier dernier à effectuer de nouvelles analyses de PFAS. Elle vient de rendre publics ce 5 mars ses résultats d’analyses. Si nous regrettons qu’il ait fallu près d’un an après notre alerte pour que des mesures de TFA soient réalisées, Générations Futures salue cette campagne de l’ARS Occitanie, qui constitue les toutes premières analyses officielles de TFA jamais réalisées en France.
L’ARS a mené une campagne de mesures sur 32 points de captage dans le nord du Gard, en aval du site industriel de Salindres, ciblant spécifiquement la nappe alluviale du Gardon et les nappes adjacentes. Première constatation : le TFA est retrouvé dans tous les points de captages analysés. Sur les 32 captages, 13 présentent des concentrations de TFA préoccupantes, proches ou supérieures à 10 μg/L, avec une valeur maximale atteignant 37 μg/L ! Ces captages concernent dix collectivités, dont la communauté d’agglomération de Nîmes Métropole, Alès Agglomération, et plusieurs syndicats intercommunaux et communes environnantes.
Bien que l’ARS déclare que tous les résultats sont inférieurs à la valeur sanitaire indicative de 60 μg/L pour le TFA actuellement retenue par le ministère de la Santé, les niveaux restent significativement élevés et cohérents avec ce que Générations Futures avait également trouvé sur cette zone pour l’eau potable.
60µ/l : Un seuil non protecteur
Générations Futures a publié récemment un rapport sur le sujet du TFA très critique vis-à-vis de ce seuil de 60 μg/L retenu pour le TFA. Ce seuil, de 60µ/l emprunté aux autorités allemandes en 2024 en l’absence de normes françaises ou européennes spécifiques, ne prend pas suffisamment en compte le principe de précaution face à un composé persistant qui s’accumule dans l’environnement. Pour rappel, aux Pays Bas, les autorités sanitaires ont proposé une valeur indicative pour le TFA dans l’eau potable à 2.2 µg/L, valeur qui est largement dépassée ici dans 24 des 32 analyses !
Graphique : résultats des analyses du TFA dans les 32 points de captage explorés par l’ARS Occitanie – Avec deux points de comparaison avec des seuils plus protecteurs que le 60 µ/l .
Des mesures annoncées insuffisantes
L’ARS annonce un suivi renforcé avec des analyses mensuelles de TFA sur les 13 sites les plus contaminés, ce qui constitue une avancée, mais reste largement insuffisant face à l’ampleur du problème. Cette sélection de 13 sites qui ne repose que sur un seul prélèvement est contestable. Le suivi devrait se prolonger sur les 32 points sélectionnés et doit s’accompagner d’actions concrètes pour réduire la contamination existante. L’ARS indique seulement que “des mesures doivent être mises en œuvre pour rechercher les sources de pollution et diminuer la concentration de TFA dans l’eau afin de limiter l’exposition de la population” mais sans préciser quelles mesures concrètes seront prises ni quand.
Générations Futures note que la Préfecture du Gard a dû imposer par arrêtés préfectoraux une réduction significative des rejets de PFAS dans les eaux superficielles issues de la plateforme chimique. Si les journalistes du Monde et notre association n’avaient pas lancé l’alerte, aurait-on pu espérer de telles mesures ? A noter que l’arrêt de la production de TFA sur le site de Salindres a été acté en septembre 2024 avec la fermeture annoncée de l’usine Solvay. Se pose alors la question de la dépollution de la zone par les entreprises émettrices de PFAS.
Une vigilance qui ne faiblit pas
Générations Futures suivra avec attention les résultats des analyses mensuelles promises par l’ARS et demande que les résultats soient rendus publics en toute transparence. Nous demandons également que des analyses soient réalisées directement au robinet des consommateurs. Notre association continuera de mener des analyses indépendantes et de suivre de près l’évolution de la situation. Nous resterons vigilants quant au respect des engagements pris par les autorités et l’industriel responsable de cette pollution.
« Ces résultats officiels confirment malheureusement ce que nos propres analyses avaient déjà révélé. La présence de TFA dans l’eau brute à ces niveaux est alarmante, même si l’ARS se veut rassurante en affirmant que ces concentrations restent sous le seuil sanitaire de 60 μg/L. » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « Comme nous l’avons démontré dans notre rapport sur le TFA, cette norme de 60 μg/L est en effet beaucoup trop élevée et doit donc être revue pour réellement protéger les populations. » conclut-il.
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