L’omniprésence des PFAS dans l’environnement entraîne de nombreuses voies d’exposition potentielles. La première source d’exposition pour la population générale est l’alimentation. Mais nous sommes également exposés par l’inhalation d’air, de poussières et le contact avec des matériaux contenant des PFAS.
Emerging chemical risks in Europe PFAS, EEA, 2019
Pour les personnes exposées professionnellement, les principales voies d’exposition peuvent être l’inhalation, l’ingestion de poussières et l’absorption cutanée sur le lieu de travail. Les personnes résidant sur des sites particulièrement contaminés sont également plus exposées aux PFAS. Ces pollutions peuvent être issues de rejets industriels ou d’épandage de boues contaminées à proximité des points de captage de l’eau.
Le programme national de biosurveillance Esteban, mené entre avril 2014 et mars 2016, a étudié l’exposition de la population française aux PFAS grâce au dosage dans le sérum de 17 composés PFAS chez 249 enfants de 6 à 17 ans et de 744 adultes de 18 à 74 ans. Le PFOA et le PFOS, les contributeurs les plus importants des niveaux d’imprégnation, ont été quantifiés chez tous les enfants et tous les adultes. Une nouvelle enquête, Albane, a été lancée en juin 2025. Les premiers résultats concernant la biosurveillance devraient être disponibles en 2028.
Générations Futures a explicité la présence des PFAS dans les aliments en compilant les données issues des plans de surveillance et de contrôle des autorités.
Echantillons prélevés en 2023 en France, Allemagne, Pays-Bas, et Danemark
Concernant les PFAS dans l’eau potable, 20 substances PFAS doivent être surveillées et les résultats sont mises à disposition sur la carte Info PFAS.
Comment limiter son exposition aux PFAS ?
Si l’exposition aux PFAS est inéluctable vu leur présence dans tous les milieux, il est néanmoins possible de limiter son exposition.
A titre personnel, il est déjà possible d’adapter son alimentation puisque c’est la première voie d’exposition pour la population générale. Comme nous le démontrons dans notre rapport PFAS dans l’alimentation, le poisson est l’aliment le plus souvent contaminé aux PFAS. Il est préférable de privilégier les poissons de mer qui sont moins contaminés que les poissons d’eau douce et de varier les sources d’approvisionnement. Concernant les viandes, les abats sont plus contaminés que les muscles. Par ailleurs, ce sont les viandes de volailles qui semblent les moins contaminées. Enfin concernant les œufs, les taux sont très variables et il semble donc judicieux de varier les sources d’approvisionnement et d’éviter la consommation d’œufs autoproduits dans les zones contaminées1.
Il est également possible de limiter le taux de PFAS dans l’eau de boisson notamment pour les personnes résidant dans des zones particulièrement polluées par les pesticides PFAS ou les PFAS industriels. Dans les zones concernées par des contaminations industrielles (sud Lyon par exemple), plusieurs communes ont mis en place des filtrations au charbon actif pour réduire le taux de certaines substances PFAS telles que le PFOA et le PFOS Des filtrations similaires peuvent être installées au niveau individuel mais les coûts ne sont pas négligeables. Cependant, le TFA est un tout petit PFAS qui ne peut pas être filtré par charbon actif. Il est possible de mettre en place une filtration par osmose inverse mais celle-ci est coûteuse et très consommatrice en eau. Cette solution peut néanmoins être proposée dans les cas de contamination importante au TFA.
Les mesures individuelles ne suffisent pas. Il est nécessaire d’agir collectivement pour ne plus émettre de PFAS dans l’environnement et limiter ainsi durablement notre exposition. C’est l’objet de l’interdiction des PFAS dans certains produits de consommations dans le cadre de la loi du 27 février 2025.
Il est également urgent d’agir au niveau de l’Union Européenne. Vu les enjeux de pollution éternelle posés par les PFAS, l’Allemagne, le Danemark, les Pays bas, la Norvège et la Finlande ont proposé en janvier 2023 d’interdire leur fabrication, leur utilisation et leur commercialisation via une procédure de restriction du règlement européen REACh. Cette demande est en cours d’évaluation.
1 https://www.auvergne-rhone-alpes.ars.sante.fr/pfas-focus-sur-la-situation-au-sud-de-lyon; https://www.iledefrance.ars.sante.fr/etude-contamination-oeufs-polluants-organiques-persistants