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Faune & flore : quels impacts des pesticides sur ces espèces ?

Faune & flore : quels impacts des pesticides sur ces espèces ?

Faune & Flore
Faune & Flore – cc: Flickr / Sandrine Rouja

 

L’utilisation des pesticides de synthèse (agriculture, jardin ou dans les espaces verts) peut entraîner des impacts sur la faune et la flore :

  • Directs : disparition d’animaux (faune) par ingestion directe du produit (exemple des oiseaux qui peuvent ingérer les grains enrobés du produit).
  • Indirect : ressources vitales polluées – eau ou nourriture, disparitions d’espèces entraînant une réduction des réserves en nourriture d’autres espèces, ingestion d’aliments eux-mêmes contaminés etc.

Outre le danger de mort du à l’ingestion directe des pesticides et indirecte, la faune peut :

  • Développer certaines pathologies comme des cancers.
  • Avoir un fonctionnement anormal de la thyroïde.
  • Avoir une fertilité diminuée.
  • Avoir une féminisation des organes reproducteurs pour les mâles.
  • Rencontrer une perturbation du système immunitaire.

Amphibiens

De nombreuses étude mettent en évidence la réduction de l’abondance de certaines populations, voire la disparition totale de certaines espèces (Houlahan et al., 2000 ; Alford et al., 2001). Les amphibiens sont considérés comme particulièrement sensibles à de nombreux pesticides.

Des déclin d’amphibiens en Californie sont associé à l’utilisation d’organophosphorés et autres pesticides dans des zones voisines (Aston & Seiber, 1997 ; Davidson et al., 2001 ; Sparling et al., 2001).

Problème des Perturbateurs Endocriniens : des effets de l’atrazine sont notés sur le système endocrinien et la reproduction chez les amphibiens (voir par exemple Hayes et al., 2002a, 2002b, 2003 ; Tavera-Mendoza et al., 2002a, 2002b). A des concentrations très faibles (0,1 µg/L) = anomalies des gonades et une démasculinisation (Hayes et al., 2002a, 2003).

Une étude (Hecker et al. (2004) dans 2 régions d’Afrique du Sud souligne une différence en fonction de l’intensité de la culture du maïs et l’usage des triazines. A montré des concentrations plasmatiques en testostérone et en oestradiol plus faibles chez les femelles xénopes dans les zones intensives.

Mammifères

L’état des lieux des relations entre l’usage des pesticides et l’évolution des populations d’oiseaux est aussi valable dans le cas des mammifères, bien qu’il soit moins documenté. Voici quelques exemples d’études et d’impacts qui ont pu être démontrés :

  • Brown (1999, in Hole et al., 2005) a observé une activité plus importante des petits mammifères dans les systèmes biologiques. L’abondance plus élevée des populations d’insectes dans les systèmes biologiques est invoquée pour expliquer ce phénomène.
  • Des mortalités anormales et une population moins abondante chez le campagnol à queue grise après exposition dans des parcelles traitées avec un pesticide.
  • Chauve-souris : augmentation de l’activité de 61 à 84% dans les cultures biologiques Wickamasinghe et al. (2003, in Hole et al., 2005)
  • Baisse des effectifs de lièvres, dont l’intensité varie de quelques pourcent à quasiment 50 % selon le pays européen considéré, a été enregistrée au cours des 40 dernières années.
  • Cas d’intoxications de renards à la bromadiolone ont été recensés (voir par exemple Berny et al., 1997), et l’hypothèse du rôle de la consommation d’animaux intoxiqués par cet anti-coagulant est tout à fait corroborée par des études expérimentales.
  • Chiens : risque accru de développer certains cancers (rate notamment) pour les chiens ayant été exposé aux insecticides. Risque 3,5 fois plus important si l’animal était exposé 2 fois ou plus par an. Journal of  Toxicology and Environmental Health; 28 (4). 1989. 407-414 et Journal of the American Veterinary Medicine Association, April 15, 2004

Oiseaux

Même des niveaux très faibles de résidus de pesticides dans les aliments consommés par les vertébrés peuvent entraîner la mort. Les granulés de formulation ou les semences traitées représentent également un risque d’ingestion plus important lorsqu’ils peuvent être utilisés par les oiseaux comme nourriture ou comme particules de broyage. Des incidents impliquant des granulés de carbamates sont ainsi courants (Mc Laughling & Mineau, 1995). Les mortalités de pigeons liées à l’ingestion de semences de pois enrobées démontrent aussi l’existence de cette voie d’exposition dans les conditions normales d’utilisation des pesticides. Voici quelques exemples d’études menées et d’impacts trouvés :

  • Le déclin global des populations d’oiseaux associées aux terres cultivées en Europe de l’Ouest.  Un suivi a été mené dans des exploitations au Danemark (31 exploitations conventionnelles et biologique). Le déclin a été prouvé pour 15 des 35 espèces communes observées, et ce proportionnellement à la quantité de pesticides utilisés (Braae et al., 1988 in Mc Laughling & Mineau, 1995).
  • Une abondance plus importante en système biologique pour 31 des 34 espèces observées dans l’étude Hole et al., 2005.
  • Autres impacts des pesticides : intoxications secondaires et réduction des ressources alimentaires.
  • Diminution de la population de bruant ou d’alouette de 60% au cours des 25 dernières années tant en France qu’en Angleterre.
  • Pour 11 espèces sur les 12 pour lesquelles une date de début du déclin des populations a pu être estimée, il a été montré que le début du déclin coïncide avec une période d’utilisation massive de pesticides et notamment d’herbicides (Liess et al., 2005).
  • 13 des 20 espèces qui ont le plus régressé en France dans les vingt dernières années sont des espèces se trouvant dans les zones agricoles…

Poissons

De nombreuses publications et divers ouvrages ont été consacrés au danger que présentent les pesticides pour les poissons. Ces travaux font essentiellement référence aux effets toxiques aigus.

Parmi les pesticides, les pyréthrinoïdes sont sans doute les substances les plus dangereuses pour les poissons du point de vue de leur toxicité aiguë,

Certains pesticides ou dérivés de pesticides présentent des propriétés de perturbateurs endocriniens chez les poissons (revue in Arukwe & Goksøyr, 1998 et Brown et al., 2001).

Des observations réalisées en milieu naturel ont mis en évidence que certaines populations de poissons d’eau douce ou estuariennes présentaient des anomalies susceptibles d’avoir été induites par des perturbateurs endocriniens (intersexe, inversion de sexe, etc. ; voir par exemple Jobling et al., 1988 ; Minier et al., 2000 ; van Aerle et al., 2001 ; Pickering & Sumpter, 2003 ; Beresford et al., 2004),

Si la qualité des eaux ne cesse de s’améliorer, les spécialistes lancent une alerte au cocktail pesticides-médicaments (source : fridolin wichser 11 novembre 2005)

La présence dans les eaux de micropolluants inquiète Ainsi, Robert Cramer (conseiller d’Etat genevois) à  la Commission internationale pour la protection des eaux du Léman (CIPEL) déclare :

« La qualité des eaux s’améliore, mais, dans nos rivières, des poissons changent de sexe ou attrapent des maladies graves. Il y a de fortes présomptions que ce cocktail chimique y est pour quelque chose. Or il faut comprendre d’abord la nature du problème avant de pouvoir le résoudre. »

Constat après analyse du lac : présence d’une trentaine de pesticides. Les deux principaux provenaient des usines chimiques valaisannes : Syngenta, à Monthey, et Lonza, à Viège.

« Ces produits ont tendance à s’accumuler alors qu’ils sont censés être biodégradables. Connue en laboratoire et à température ambiante, leur réaction ne l’est pas dans les eaux sombres et froides du lac. », s’inquiète Marc Bernard, du Service valaisan de la protection de l’environnement.

Reptiles

La littérature scientifique témoigne d’un déclin en grandes proportions de certaines espèces (serpents et alligators) dans des régions sujettes à des applications massives de pesticides (Fleet et al., 1972, Fleet & Plapp, 1978 et Guillette et al., 1994, in Guillette, 2000). ). Des animaux morts ou mourants ont été retrouvés sur des sites juste après des traitements (Koeman et al., 1978)

Une revue de Hall (1980, in Pauli & Money, 2000) a mis en évidence l’impact que pouvaient avoir certains pesticides, en particulier les substances organochlorées, sur les populations de reptiles, en induisant des mortalités et ce, même aux doses d’utilisation recommandées.

En Ukraine, des suivis conduits suite à des applications aériennes de malathion sur des forêts ont mis en évidence des mortalités anormales chez des reptiles (Karpenko & Myasoedov, 1978, in Pauli & Money, 2000).

Diverses observations éparses font état de la mort d’individus exposés soit lors d’un traitement, soit par ingestion de nourriture contaminée et ceci pour des molécules variées (DDT, endosulfan, dieldrine, chlorpyrifos, cyanophos ; revue in Lambert, 1997).

Les herbicides 2,4,5-T et 2,4-D ont induit des impacts sur les populations de tortues en Grèce (Willemsen & Hailey, 1989). Willemsen & Hailey (1989) ont observé un déclin de 44% dans des populations de tortues en Grèce, lui conférant ainsi le même impact potentiel que le 2,4-D.

Sur les populations d’alligators et de tortues la mortalité et l’incidence des déformations sont en général supérieures dans les populations exposées à certains composés (DDT, DDE et dieldrine) que dans les populations non exposées.

Plantes

On estime que les plantes présentent dans les champs a diminué de plus de 20% et que plus de 15% du patrimoine végétal national est en danger. Cela fait dire à certains scientifiques que : « l’ère de la grande extermination des plantes est en cours et un vide écologique est en train d’être créé par l’homme » J. KORNAS

Certaines plantes non cultivées (ou « mauvaises herbes ») sont menacées d’extinction en Grande-Bretagne (Preston 2002).

  • Beaucoup de plantes qui étaient auparavant communes dans les zones agricoles de Grande-Bretagne sont en déclin en raison de l’abandon des exploitations agricoles mixtes et de l’usage croissant des herbicides.
  • L’utilisation à grande échelle des herbicides sulfonylurées, et vraisemblablement aussi, des sulfamides et imidazolinones, présente un risque pour les plantes non ciblées, les algues et les écosystèmes.
  • Les herbicides triazines peuvent présenter un risque pour les plantes non ciblées et les plantes aquatiques.

Pour aller plus loin :