Générations Futures tient à exprimer toute sa solidarité envers la famille Grataloup après la décision rendue ce jour par le tribunal de Vienne, qui rejette leur plainte contre Bayer-Monsanto.
Comme l’ont rappelé Sabine et Thomas Grataloup dans leur propre communiqué, cette décision est une profonde déception. Elle illustre les limites d’un système judiciaire qui exige une preuve impossible à apporter : démontrer avec une certitude absolue le lien entre un produit toxique, le glyphosate, et les graves atteintes à la santé de leur enfant, sans tenir compte des obstacles immenses auxquels font face les victimes.
« Il est regrettable que la justice n’ait pas tenu compte de cette difficulté, inhérente à ce type de cas », écrit la famille. Nous partageons totalement cette analyse.
Cette décision contribue à l’impunité d’industriels qui, comme Monsanto, ont trop souvent dissimulé ou minoré les dangers du glyphosate, en France comme ailleurs. Elle illustre aussi une stratégie bien rodée de dilution des responsabilités dans les grands groupes chimiques, où chaque filiale se dédouane du rôle qu’elle joue dans la fabrication, la commercialisation ou la promotion de substances dangereuses.
Face à cela, nous saluons le courage et la ténacité de la famille Grataloup, qui a mené un combat exemplaire, porté par la volonté de protéger les générations futures. Le travail d’enquête, de veille scientifique et de mobilisation citoyenne qu’ils ont réalisé est exceptionnel — et devrait revenir aux institutions, non à une famille déjà lourdement éprouvée.
Nous appelons à une réforme profonde du cadre juridique afin que les malades des pesticides puissent enfin obtenir justice. Il est urgent de prendre en compte les preuves circonstancielles et les stratégies de dilution des responsabilités employées par les industriels.
Nous réaffirmons que ce procès, même s’il n’a pas abouti sur le plan judiciaire à ce stade, marque une avancée majeure sur le plan sociétal. Il a mis en lumière les conséquence réelles des pesticides sur la santé des enfants. Il a mobilisé une large part de la société civile, des scientifiques, des médecins, des journalistes et des associations. Il a fait entendre une voix que les lobbys auraient préféré faire taire.
« Nous étions seuls, David contre Goliath, nous sommes maintenant des millions », conclut la famille faisant référence à la pétition contre la loi Duplomb. Oui qu’ils et elles en soient assurés, Générations Futures continuera à porter cette voix, avec eux, pour que la santé passe avant les profits, pour que les empoisonneurs rendent des comptes, et pour que les victimes ne soient plus jamais seules.