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COP15 : projecteur sur le manque d’intérêt politique pour la biodiversité

Pendant qu’Emmanuel Macron se rend au Quatar dans le cadre de la coupe du monde de football, le Canada accueille un événement politique majeur qui aurait du être au cœur de toutes les attentions : la COP 15 sur la biodiversité. Générations Futures déplore le peu d’investissements et d’ambitions des représentants mondiaux en général et de la France en particulier pour cet événement majeur

C’est quoi la COP15 ? 

La COP15 est la 15ème “Conférence des parties” des États signataires de la Convention sur la diversité biologique née en 1992. Deux fois décalée à cause du COVID19, cette occasion doit conduire “à la conclusion d’un accord mondial ambitieux visant à protéger la biodiversité et les écosystèmes, à les restaurer, à les utiliser de manière durable et à investir dans ce domaine.” (Commission européenne le 6 décembre 2022). 

COP 15 : des objectifs affichés menacés par la pression d’acteurs économiques et politiques.

Les engagements pris lors de la COP15 devaient fixer des objectifs qui “ visent à remédier aux causes directes de la perte de biodiversité, y compris la pollution” mais aussi différents engagements en faveur de “l’utilisation durable” de la biodiversité et des écosystèmes notamment à travers la valorisation d’approches agronomiques durables comme l’agroécologie, la réduction de l’utilisation des pesticides… En effet, le projet initial d’Accord visait à réduire l’usage ces produits de deux tiers d’ici à 2030. Cette ambition a depuis été écartée en raison du rôle prééminent joué par les pays agro-exportateurs comme le Brésil ou l’Argentine (Vert le Média). En effet, principale limite dans ces négociations onusiennes :  tous les États doivent être d’accord pour que le texte soit adopté. Le challenge se révèle être de taille pour définir des objectifs pour 2030 accompagnés d’une gouvernance qui permette de les atteindre. 

De plus, l’ambition de ces objectifs se confronte à un fort lobbying et une division des camps très marquée notamment au niveau européen. En 2019, la Commission présentait le Pacte Vert, dans lequel se trouve la Stratégie de la Ferme à la fourchette qui tend vers une diminution de 50% de l’utilisation des pesticides d’ici 2050 et se retrouve dans la proposition de la Commission du Règlement sur l’usage durable des pesticides. Cette proposition est la cible d’une offensive intense de la part des lobbies de l’agro-chimie, de certains partis politiques (de droite) et de certains Etats membres. Dernier scandale en date, le vote  prévu le 19/12 au Conseil des Ministres de l’énergie d’une nouvelle étude d’impacts qui retarderait dramatiquement les négociations et pourrait les faire capoter. Bien que Christophe Béchu se rende ce jour à Montréal et affirme concernant la COP15 : « Sous l’impulsion du Président de la République et dans le cadre de la planification écologique portée par la Première ministre, nous sommes déterminés à montrer une fois de plus que la France agit sur son sol, agit avec l’Europe, agit avec le monde pour la protection de la biodiversité » , nous sommes plus que dubitatif sur cette réelle volonté.

Retrouvez plus d’informations à ce sujet, cliquez ici.

COP 15 : les enjeux sont grands et c’est maintenant. 

Virginijus Sinkevičius, commissaire à l’environnement, aux océans et à la pêche a déclaré le 6 décembre : “Inverser la perte de biodiversité, c’est sauver nos systèmes vitaux, ainsi que notre économie. La nature est un élément constitutif fondamental d’une planète en bonne santé et productive, d’une planète qui nous fournit notre nourriture et nos moyens de subsistance et qui nous aide à lutter contre le changement climatique.

En effet, l’IPBES (le GIEC de la biodiversité) le rappelle, environ 70 à 75 % des plantes cultivées dépendent de la pollinisation entomophile, soit 35 % du tonnage de la production agricole mondiale. Or l’agriculture intensive et l’utilisation des pesticides est un des facteurs responsables du déclin de près d’un tiers des abeilles et des papillons en Europe. 

Réduire les pressions que nous appliquons à la biodiversité est une priorité absolue. Par ordre d’importance décroissante, l’IPBES mentionne ainsi ;

  • l’artificialisation des sols (urbanisation, changements d’usage au détriment des prairies…),
  • la surexploitation des espaces naturels (forêts, mers…),
  • le changement climatique (augmentation globale des températures, dérèglement des cycles saisonniers, événements extrêmes plus imprévisibles et plus violents…),
  • l’insertion d’espèces exotiques qui se révèlent envahissantes,
  • les pollutions (aux plastiques, aux produits chimiques…)

Comme l’a martelé Antonio Guterres, Secrétaire Général des Nations Unies, « il est temps de cesser notre guerre « contre la nature » ».

Ainsi, Générations Futures espère que les ambitions et l’Accord qui se dégageront de la COP15 seront à la hauteur des enjeux et des attentes de la société civile sur ce sujet.  Résultats attendus pour lundi prochain dernier délai (peut-être dès dimanche). Il y a fort à craindre que les déceptions soient nombreuses à l’issu des négociations, pourtant la préservation de la biodiversité est cruciale et ne peut plus attendre ! Quoi qu’il arrive, nous resterons mobilisés au-delà de ce temps politique sur ce sujet majeur.

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