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Les résidus de néonicotinoïdes dans les fleurs sauvages : une voie potentielle d’exposition chronique pour les abeilles

 

Selon une étude de l’Université du Sussex, les fleurs sauvages en bordure de cultures ont une concentration plus élevée de pesticides néonicotinoïdes (systémiques) que les fleurs des plantes cultivées traitées elles-mêmes.

Par exemple, quand la concentration dans les fleurs de colza s’élève à 3 ng/g[1], dans les fleurs sauvages[2] elle est 5 fois plus élevée soit 15ng/g. Respectivement, dans la Berce et le Coquelicot, des concentrations aussi élevées que 86 ng/g et 64 ng/g ont été mesurées[3]. Or, 97% du pollen à l’origine des néonicotinoïdes introduits dans les ruches proviennent des fleurs sauvages des bords des champs et non des fleurs de plantes traitées[4].

A ces niveaux, les abeilles recueillent suffisamment de néonicotinoïdes pour subir des dommages à des niveaux sublétaux sur la productivité et la reproduction. Bien entendu, ces concentrations peuvent nuire aux autres espèces d’invertébrés, en particuliers les pollinisateurs sauvages. Bien évidemment, [là où existe encore cette coexistence fleurs sauvages/fleurs cultivées] l’hypothèse, selon laquelle le nectar et le pollen prélevés sur les plantes sauvages « diluent » la contamination issue des visites aux plantes traitées, s’effondre. Or, les bandes enherbées des marges en plantes à fleurs ont été promues par les fabricants de pesticides et par le gouvernement [anglais] comme une solution à la crise des pollinisateurs[5].

La « solution » a été largement mise en œuvre par les agriculteurs qui reçoivent le soutien financier de l’Union européenne au travers des MAEC, Mesures Agro-Environnementales Climatiques, pour laisser de larges marges sans culture pour les fleurs sauvages. Or, les auteurs concluent : « Ici, nous montrons que l’exposition est susceptible d’être plus élevée et plus prolongée qu’elle n’est actuellement reconnue en raison de la contamination généralisée des plantes sauvages qui poussent à proximité de cultures traitées ». [Et donc aussi logiquement des plantes à fleurs des bandes enherbées. NdT.]

 

Ce texte est un résumé de l’étude « Neonicotinoid Residues in Wildflowers, a Potential Route of Chronic Exposure for Bees » (« Les résidus de néonicotinoïdes dans les fleurs sauvages :  une voie potentielle d’exposition chronique pour les abeilles ») de Cristina Botías, Arthur David, Julia Horwood, Alaa Abdul-Sada, Elizabeth Nicholls, Elizabeth Hill et Dave Goulson. School of Life Sciences, Sussex University, Falmer BN1 9QG, U.K, publiée le 6 octobre 2015.

Ch. Pacteau, CA-Générations Futures


[1]
ng/g = nanogramme/g = milliardième de gramme de pesticide pour un gramme de nectar ou de pollen.

[2] Attention, le mot fleur est général et  abusif. En réalité il ne peut s’agir que de la concentration dans le pollen ou le nectar.

[3] Ces concentrations sont très au-dessus de la DL50 pour les abeilles et de bien d’autres invertébrés.

[4] Il faut donc penser, qu’en zone de très grandes cultures, où toutes formes de marges, haies, plantes sauvages (…) ont disparu, la contamination par les plantes traitées reste très majoritaire, voire unique.

[5] Il en va de même en France dans le Plan National d’Actions « France Terre de Pollinisateurs ».


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