Les experts du Comité Scientifique et Technique du plan Ecophyto se prononcent pour ‘la nécessité de conserver un indicateur prenant en compte les doses d’usage, tel que le NoDU’ tout en soulignant les aspects problématiques des indicateurs européens !
A la lumière de cette prise de position Générations Futures dénonce la décision purement politique du gouvernement d’abandonner le NODU au profit de l’indicateur HRI1, décision prise au mépris de l’avis des scientifiques chargés officiellement du suivi des indicateurs du plan, le tout en cédant sans lutter aux pressions répétées de la FNSEA et de l’industrie des pesticides !
Comité scientifique Ecophyto : des scientifiques pour guider…
Alors que le Premier Ministre a annoncé hier l’abandon de l’indicateur historique du plan Ecophyto (le NODU), à la demande de la FNSEA et de Phytéis (l’organisation qui regroupe les industries des pesticides), les 14 membres du Comité Scientifique et Technique (CST) du plan Ecophyto viennent de publier un long texte (1) sur le site ‘The Conversation’ sur les indicateurs du plan Ecophyto. Ces membres du CST Ecophyto rappellent que « nous avons notamment pour mission de guider le choix des indicateurs. Dans ce texte, nous souhaitons préciser la nature de ces derniers et en clarifier les enjeux. »
Les experts rappellent que le NODU a été construit par des scientifiques d’INRAe en lien avec les pouvoirs publics pour pallier les faiblesses de la QSA (Quantité de Substance Active). Ils expliquent dans ce texte comment améliorer le NODU, notamment en le simplifiant ou en intégrant l’ensemble des substances actives utilisées pour les traitements de semences dans le calcul.
Les problèmes posés par l’indicateur européen retenu par Gabriel Attal
Ensuite les experts expliquent que les indicateurs européens (dont le HRI1 retenu) sont problématiques pour plusieurs raisons :
- tout d’abord les masses ne sont pas rapportées à des doses d’usage
- de surcroît, en France, environ 80 % des substances vendues sont par défaut classées dans le second groupe (substances « autorisées »), ce classement est donc peu discriminant ;
- enfin, les valeurs de pondération utilisées pour le calcul de ces indicateurs sont arbitraires et ne sont étayées par aucun résultat scientifique.
Le CST Ecophyto fait des propositions d’amélioration du NoDU
Les membres du CST Ecophyto font également des propositions. Ainsi ils affirment que « Le NoDU n’est aujourd’hui utilisé qu’en France mais il suffirait de simplifier son calcul, tel que nous le proposons, pour le rendre utilisable à l’échelle européenne. ».
Pour eux une autre option acceptable « pourrait être que les indicateurs européens soient modifiés pour utiliser, au sein de chaque groupe, un équivalent au NoDU et non une masse totale de substance. C’est fondamentalement ce que l’agence environnementale allemande propose dans son rapport de mai 2023 (2) bien qu’elle critique aussi les coefficients de pondération du HRI-1. ».
Ils proposent également l’adoption d’un bouquet d’indicateurs permettant de décrire tout à la fois l’intensité de l’utilisation des pesticides mais aussi les risques pour la santé ou l’environnement ou les services agronomiques.
Ils concluent en alertant sur « la nécessité de conserver un indicateur prenant en compte les doses d’usage, tel que le NoDU. Cet indicateur doit continuer d’une part d’être appliqué à l’ensemble des ventes pour caractériser la quantité totale de traitement et d’autre part d’être appliqué aux substances les plus préoccupantes pour quantifier l’effort d’arrêt des substances les plus dangereuses. »
Le CST confirme donc nos critiques et fragilise fortement la décision prise par le seul Gabriel Attal sous pression de l’agrochimie
Cette position courageuse des membres du CST Ecophyto confirme les critiques faites par Générations Futures contre l’indicateur HRI1 (3) et l’intérêt de conserver un indicateur prenant en compte les doses d’usage, tel que le NoDU.
« Nous sommes scandalisés de constater que la décision d’abandonner le NODU prise hier par Gabriel Attal s’est faite au mépris le plus total des scientifiques pourtant chargés d’expertiser les indicateurs du plan Ecophyto, au motif que ‘c’est ce que les agriculteurs demandaient’ ! » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « Ce mépris de la science est très inquiétant dans un monde où fake news et vérités alternatives sont partout et menacent la démocratie. Nous sommes atterrés également par la situation claire de cogestion des questions agricoles entre l’Etat et la FNSEA que ce sujet met clairement en évidence. Ce rejet de la réalité scientifique pose aussi la question de la légitimité de la décision du gouvernement. » ajoute t’il.
Réaction collective à la fin du NoDU : CP réaction commune