À quelques jours des négociations cruciales de Bruxelles, une coalition d’organisations françaises tire la sonnette d’alarme sur le projet de déréglementation des nouveaux OGM.
Le 30 juin prochain marquera une date charnière. Les institutions européennes se réuniront à Bruxelles pour le dernier cycle de négociations sur un texte qui pourrait bouleverser notre rapport aux organismes génétiquement modifiés.
Une mobilisation sans précédent
Dix-huit organisations françaises, allant des syndicats paysans aux associations de consommateurs, ont uni leurs voix dans une lettre ouverte adressée au gouvernement et aux eurodéputés français. Parmi elles : Pollinis à l’initiative, la Confédération Paysanne, la FNAB, Générations Futures, France Nature Environnement, UFC-Que Choisir ou encore Foodwatch.
Notre message est clair : le projet de règlement européen sur les Nouvelles Techniques Génomiques (NTG) représente une menace majeure pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.
Les piliers de la sécurité alimentaire menacés
Le texte en cours de négociation prévoit la suppression de trois garanties fondamentales :
- La traçabilité : impossible de suivre les produits de la ferme à l’assiette
- L’étiquetage : les consommateurs ne pourront plus identifier les produits contenant des OGM
- Les méthodes d’identification : aucun moyen technique de détecter ces nouveaux organismes
Cette triple suppression inquiète particulièrement nos organisations signataires, qui y voient une « opacité totale » imposée aux consommateurs.
Des risques économiques et sanitaires majeurs
L’absence d’évaluation des risques constitue un autre point d’inquiétude. Comme nous le notons dans la lettre, « il est impossible de préjuger de l’innocuité de produits nouveaux et encore inconnus ». En cas de crise sanitaire, l’identification et le retrait des produits problématiques deviendraient impossibles.
Le volet économique soulève également des préoccupations majeures. La possibilité de breveter les plantes issues des NTG pourrait entraîner :
- Une concentration du secteur semencier
- Une augmentation des prix des semences
- Des poursuites judiciaires contre les petits producteurs
- Une menace sur la souveraineté alimentaire
L’agriculture biologique directement menacée
Sans mesures de protection contre les contaminations, les filières « sans OGM » et l’agriculture biologique se trouvent particulièrement exposées. Le projet supprime également la clause de sauvegarde qui permet aujourd’hui aux États membres d’interdire la culture d’OGM sur leur territoire. « La liberté de produire et de consommer avec ou sans OGM, garantie par le Code français de l’environnement, est donc directement menacée », alertent les organisations.
Des solutions existent
Face à ces inquiétudes, les signataires proposent des mesures concrètes :
- Maintien de la traçabilité et de l’étiquetage
- Publication obligatoire des méthodes de détection
- Évaluation des risques au cas par cas
- Préservation de la clause de sauvegarde
- Mise en place d’un suivi post-commercialisation
Un enjeu de souveraineté
Pour les organisations mobilisées, ce projet « ne sert que les intérêts économiques et financiers de l’agro-industrie, au détriment de notre agriculture, de notre alimentation, de l’environnement et des consommateurs ». Nous appelons le gouvernement français et les eurodéputés à « privilégier l’intérêt général de tous sur celui de quelques multinationales » et demandent le rejet de toute version du texte qui ne répondrait pas à leurs objections.
Une mobilisation citoyenne nécessaire
Alors que les négociations entrent dans leur phase finale, nous rappelons que les choix technologiques en matière alimentaire ne peuvent se faire sans transparence ni débat démocratique.
Lire le lettre : Lettre ouverte – Nouveaux OGM