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Un PFAS détecté même dans des eaux minérales réputées pures

La Commission européenne propose d’interdire certains pesticides en raison de la pollution au TFA

Ces derniers mois, des preuves supplémentaires ont révélé une contamination généralisée des rivières, de l’eau du robinet et même des eaux minérales en Europe par l’acide trifluoroacétique (TFA), un produit chimique persistant. Reconnu pour sa toxicité sur la reproduction, le TFA a été détecté dans la moitié des eaux minérales testées. Le 4 décembre, pour la première fois, la Commission européenne présentera aux États membres des propositions visant à interdire le renouvellement de l’approbation des substances actives flufenacet et flutolanil, des pesticides PFAS, principales sources de contamination par le TFA dans les eaux souterraines et potables en Europe.

Un problème environnemental alarmant

Des rapports publiés plus tôt cette année ont montré que le TFA contamine les eaux de surface et l’eau du robinet partout en Europe. En Wallonie, des tests ont révélé la présence de TFA dans 93 % des zones testées (598 sur 642) (1). En Flandre, la situation est encore plus critique, avec des concentrations alarmantes dans les zones agricoles. (2) Une étude menée en Suisse par l’Office fédéral de l’environnement a également relevé des niveaux préoccupants de TFA dans les eaux souterraines, les pesticides PFAS étant identifiés comme la principale source. (3)

Le TFA atteint des concentrations « des ordres de grandeur supérieurs à celles d’autres PFAS ou pesticides », ce qui a incité des scientifiques à sonner l’alarme. Ils avertissent dans une publication récente (4) que l’accumulation irréversible de TFA dans l’environnement représente une menace mondiale et appellent à des actions contraignantes pour réduire ses émissions et celles de ses précurseurs.

Les eaux minérales également contaminées

Des tests menés par les membres de PAN Europe ont détecté du TFA dans 10 des 19 échantillons d’eau minérale, avec des concentrations allant de 50 ng/L à 3 200 ng/L, soit 32 fois la limite pour les métabolites pertinents dans l’eau potable.

Les entreprises d’eau ne sont pas responsables de cette pollution, car les eaux minérales devraient être naturellement pures, sans contaminants d’origine humaine. Ces résultats montrent que le TFA est omniprésent et qu’une action urgente est nécessaire pour protéger nos ressources en eau. La première étape consiste à interdire les principales sources de TFA : les pesticides PFAS.

Appel à l’action

« La proposition d’interdire ces deux pesticides PFAS est une obligation légale », déclare Salomé Roynel, responsable politique à PAN Europe. « C’est une étape cruciale pour réduire les émissions de TFA. Il n’y a pas de place pour des résidus reprotoxiques dans notre eau et notre alimentation. »

Helmut Burtscher-Schaden, biochimiste à GLOBAL 2000, ajoute : « Pendant des années, les appels à une approche de précaution vis-à-vis des polluants menaçant les eaux souterraines ont été ignorés. Nous faisons désormais face à une contamination par le TFA qui, selon des scientifiques de premier plan, constitue une menace pour les limites planétaires. »

Le TFA : un danger confirmé

La toxicité reproductive du TFA a été confirmée récemment par Bayer, un fabricant de PFAS (5). Selon la loi européenne, les pesticides ne peuvent être approuvés si leurs métabolites toxiques dépassent 0,1 µg/L dans les eaux souterraines et potables. Ce seuil est déjà largement dépassé.

Les propositions de la Commission européenne mettent en évidence le potentiel élevé de contamination des eaux souterraines par le TFA, un métabolite des pesticides flufenacet et flutolanil, et soulignent leur dangerosité, notamment en raison de leurs propriétés toxiques pour la reproduction(6).

L’interdiction de ces pesticides est une première étape cruciale pour protéger nos ressources en eau contre cette pollution persistante (7).

En savoir plus

Notes :

[1] Résultats des tests de TFA dans l’eau du robinet en Wallonie, Belgique 17 octobre 2024

[2] Résultats des tests de TFA dans l’eau du robinet en Flandre, Belgique, révélés par l’organisation télévisée VRTsuite à une demande d’accès aux documents, 15 novembre 2024

[3] Présentation de la surveillance nationale des eaux souterraines en Suisse 15 novembre 2024. Le TFA est détecté partout, avec des concentrations nettement plus élevées dans les zones agricoles.

[4] La menace mondiale de l’accumulation irréversible d’acide trifluoroacétique (TFA), Hans Peter Arp et al., 30 octobre 2024

[5] Rapport sommaire de la réunion SCoPAFF des 22 et 23 mai 2024, point A 10.6 : « La Commission a également noté que le TFA devait être considéré comme un métabolite pertinent dans les eaux souterraines, car le demandeur a auto-classifié le TFA en vertu de REACH comme toxique pour la reproduction, catégorie 2 (R2). En outre, l’Allemagne prévoit de soumettre un dossier de classification et d’étiquetage harmonisés à l’ECHA, proposant une classification comme toxique pour la reproduction, catégorie 1B (R1B). La Commission et un État membre ont souligné que cela aurait un impact sur les décisions. »

[6] Proposition de la Commission européenne d’interdire le Flufenacet

[7] Rapport d’examen sur le Flutolanil

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