L’agence européenne de l’environnement (EEA) publie ce mardi 29 avril 2025 une note concernant les polymères PFAS. L’EEA met en évidence les risques établis et les incertitudes concernant les impacts potentiels sur la santé et l’environnement des polymères PFAS tout au long de leur cycle de vie. Générations Futures confirme : beaucoup des impacts ne sont pas encore compris ni quantifiés et les éléments établis appellent à la prudence. Le principe de précaution s’impose donc !
Qu’est-ce qu’un polymère PFAS ?
Les polymères PFAS sont de grosses molécules constituées de petites entités PFAS identiques reliées les unes aux autres. Ils sont présents aussi bien dans les biens de consommations courantes que dans les produits industriels avec une importance notable dans les technologies vertes (textiles, lubrifiants, matériel électronique, revêtements techniques…). L’un des polymères les plus connus du grand public est le PTFE utilisé pour le revêtement antiadhésif des poêles.
Les polymères PFAS représenteraient 24 à 40% du volume de PFAS sur le marché européen mais leurs identités et leurs volumes sont mal connus car il n’y a actuellement pas d’obligation de déclaration au niveau de la règlementation REACh concernant les polymères. Générations Futures se mobilise depuis plusieurs années pour une révision ambitieuse de la règlementation REACh.
L’EEA met en évidence la nécessité de considérer les impacts des polymères PFAS sur l’ensemble de leur cycle de vie. Elle alerte notamment sur les récentes informations concernant leurs impacts potentiels sur la santé, l’environnement et le climat.
PFAS polymères : Des impacts potentiels sur la santé.
Les polymères PFAS sont parfois perçus comme moins problématiques que les monomères PFAS qui les constituent car leur haut poids moléculaire limite l’absorption dans l’organisme. Cependant, cette approche ne prend pas en compte les effets délétères liés à la production des polymères PFAS ni la dégradation de ces polymères en fin de vie. En effet, les émissions de PFAS sont nombreuses aussi bien lors de la production des polymères PFAS, la production de produits utilisant des polymères PFAS, l’utilisation de ces produits et enfin la gestion des produits usagés.
Au cours de la phase de production de polymères PFAS, plusieurs cas d’exposition de travailleurs et de riverains aux PFAS ont été reportés. L’EEA cite l’exemple de la « grippe du téflon », terme utilisé par les travailleurs pour décrire les symptômes ressentis après une forte exposition aux émanations de PTFE. L’agence alerte également sur les rejets de substances fluorées volatiles potentiellement nocives pour le climat et susceptibles de dégrader la couche d’ozone. Ces gaz, tels que le HFC-23 et le HCFC-22, deux sous-produits de la production de PTFE, sont peu étudiés et mal surveillés. De la même manière, lors de la phase de fabrication de produits contenant des polymères PFAS, les travailleurs et les riverains peuvent être exposés à des émissions de PFAS via l’air, les eaux usées et les boues d’épuration.
Les polymères PFAS peuvent également constituer une source importante de PFAS non polymère via l’élimination des produits usagés en décharge ou en incinération. Générations Futures mettait en avant dans son récent rapport concernant les émissions de PFAS via les rejets aqueux industriels, la place importante des centres de traitement des déchets. Par ailleurs, très peu d’études ont examiné les produits de dégradation formés lors de l’incinération à 850°C des déchets dits non dangereux. L’EEA met en avant une étude qui établit que l’incinération des polymères PFAS pourrait représenter jusqu’à 14% des émissions de TFA (très petit PFAS connu pour être un produit de dégradation de nombreux autres PFAS) dans l’eau de pluie.
Par ailleurs, la présence de composants en polymères PFAS (matière non recyclable) rend le tri et le recyclage des produits concernés difficiles et coûteux.
Restriction sur la famille PFAS
L’EEA met en avant le caractère persistant des substances PFAS qui leur vaut le surnom de « polluants éternels ». L’agence rappelle que cette caractéristique a justifié la demande de restriction déposée en 2023 par le Danemark, l’Allemagne, les Pays Bas, la Norvège et la Suède pour interdire au niveau européen tous les PFAS, incluant les polymères PFAS. Cette restriction prévoit des dérogations limitées dans le temps pour certains usages essentiels sans alternative identifiée à ce jour. La proposition est actuellement évaluée par les comités scientifiques de l’ECHA et sera ensuite adressée à la Commission Européenne.
Générations Futures soutient cette demande de restriction qui est décisive pour limiter les émissions de PFAS à la source
Ainsi, même si les usages des polymères PFAS sont nombreux particulièrement dans des secteurs visant à proposer des solutions aux activités favorisant les changements climatiques (piles à combustible, panneaux photovoltaïques, semi-conducteurs…), il est primordial d’agir sur les effets néfastes de ces polluants en prenant en compte l’ensemble des impacts tout au long du cycle de vie.