L’ANSES, l’agence de sécurité sanitaire française, a présenté ce jour son évaluation de risque concernant ce désherbant très volatile. Notre association s’inquiète du risque potentiel pour les enfants et s’interroge sur l’efficacité des mesures proposées pour limiter l’exposition des populations riveraines. Au vue des informations présentées nous demandons le retrait des autorisations des produits dans le but de protéger réellement ces populations vulnérables.
Prosulfocarbe de quoi s’agit-il ?
Le prosulfocarbe, un désherbant utilisé en grande culture, est connu pour être très volatile et se redéposer sur d’autres cultures non ciblées à de longues distances. C’est pourquoi Générations Futures et la FNAB ont engagé un recours pour demander le retrait d’AMM de pesticides contenant ce prosulfocarbe. Cette volatilité du prosulfocarbe se manifeste également par une très forte présence de la molécule dans les analyses d’air en milieu rural, comme le montrent nos analyses réalisées dans le Nord de la France.
Saisine de l’ANSES et évaluation de risques : un risque pour les enfants identifiés par l’Anses
Aujourd’hui, suite à une saisine de 2022, l’ANSES a présenté ce matin aux parties prenantes (dont Générations Futures) son évaluation du risque posé par l’utilisation du prosulfocarbe pour les riverains. Jusqu’à ce jour les ‘discours officiels’ se voulaient rassurants sur ce point et présentaient cette substance comme ne posant pas de problèmes particuliers pour la population. Il faut toutefois rappeler que le prosulfocarbe est officiellement classé comme ‘Pouvant provoquer une allergie cutanée’ et ‘nocif par ingestion’…donc loin d’être inoffensif.
Or l’analyse de risque de l’ANSES publiée ce jour révèle que les riverains exposés à moins de 10 mètres de la pulvérisation de prosulfocarbe sont exposés à des quantités de prosulfocarbe supérieures aux valeurs toxicologiques de référence ! Ce risque concerne particulièrement les enfants, qui sont les plus sensibles et peuvent être exposés aujourd’hui à des doses jusqu’à 5 fois plus élevées que les valeurs toxicologiques de référence !
Pourquoi ce risque n’a pas été identifié avant ?
Générations Futures se demande pourquoi ce risque n’a pas été identifié avant. En effet, depuis 2016 l’évaluation du risque pour les riverains doit être menée de façon obligatoire selon une méthodologie européenne avant la mise sur le marché des produits. Or plusieurs produits (11/20) contenant du prosulfocarbe ont été autorisés en France après 2016. Le risque pour les riverains et en particulier le risque pour les enfants auraient du être identifié avant la mise sur le marché de ces produits
Des mesures de réduction de l’exposition vraiment efficaces ?
Suite à cette réévaluation du risque posé par le prosulfocarbe pour les riverains l’ANSES a décidé d’exiger la mise en œuvre de nouvelles mesures de réduction de l’exposition des riverains comme l’utilisation de buses anti dérive et, en attendant la généralisation de l’emploi de ces buses, la mise en place d’une distance de sécurité de 20m entre la pulvérisation et les zones où se trouvent les riverains. Des nouvelles données de terrain seront demandées aux industriels pour confirmer ou non l’efficacité de ces mesures pour la protection des riverains. Si l’efficacité de ces mesures n’était pas démontrée au 30 juin 2024 les AMM de pesticides contenant du prosulfocarbe seraient retirées sans délai de grâce.
Générations Futures salue ces premières mesures mais pose de nombreuses questions sur leur efficacité réelle. Comment la mise en place de ces décisions sera-t-elle contrôlée ? Est-on certain que la distance de 20 mètres suffira à faire diminuer suffisamment l’exposition des riverains ? Les nouvelles études demandées par l’ANSES seront réalisées par les industriels eux-mêmes et donc quelles garanties de leur impartialité pourront nous avoir ?
Une autorisation prolongée au niveau UE en catimini
L’Europe vient par ailleurs de prolonger sans nouvelle évaluation l’autorisation du prosulfocarbe au niveau communautaire jusqu’au 31 janvier 2027 !
« Cette prolongation au niveau européen de plusieurs années du prosulfocarbe, un pesticide posant tant de problèmes, sans nouvelle évaluation, est tout simplement scandaleuse. Générations Futures va étudier dès aujourd’hui avec ses avocats toutes les pistes pour attaquer cette autorisation au niveau européen dans les prochaines semaines. » Déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.
« Générations Futures demande par ailleurs que le prosulfocarbe, polluant des cultures non ciblées à des centaines de mètres et dangereux pour les riverains, ne soient plus utilisé en France. Il faut donc retirer les AMM des pesticides le contenant le plus vite possible ! » Ajoute t’il
a besoin de toutes les forces vives pour poursuivre son action
