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Rapport ANSES : le danger d’exposition des travailleurs aux pesticides sous-estimé

[MAJ le 1er septembre]

En France, plus d’un million de professionnels du secteur agricole sont potentiellement exposés aux pesticides. L’Anses s’est autosaisie en 2011 pour mener une expertise collective visant à identifier, évaluer et caractériser les expositions aux pesticides des personnes travaillant dans l’agriculture.
Le rapport rédigé par le Groupe de Travail et l’avis de l’Anses sur le contenu de ce dernier ont été publiés le 25 juillet sur le site de l’Anses. Ce rapport a fait l’objet d’une remise officielle par et à l’Anses à Mme la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal (suite à la demande de celle-ci) le 28 juillet en présence d’ONG (dont nos associations: Générations Futures, Association des médecins contre les pesticides et Phyto-Victimes) conviées pour l’occasion.
Le 1er septembre, l’Anses a invité les parties prenantes à une réunion d’informations relative à cet avis. En perspective de cette réunion, nos associations, qui souhaitent passer outre la polémique autour de la sortie de ce rapport qui s’est fait attendre , cosignent ce document visant à mettre en exergue les éléments de ce précieux rapport qui nous semblent clefs et formulent des demandes pour lesquelles nos organisations attendent des réponses claires.

Télécharger le document collectif: Document_commun_expo_pro_pesticides_ANSES_300816_ministeres

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Dix mois après la date de parution initiale, et plusieurs reports de parution de dernière minute plus tard, le rapport de l’ANSES sur l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides est enfin paru, lundi 25 juillet.

Le rapport final révèle des connaissance insuffisantes sur l’exposition des travailleurs aux pesticides

Ce rapport de près de 1000 pages et de 7 volumes rassemble les connaissances disponibles sur l’exposition de cette population d’un million de travailleurs. Il souligne notamment que les risques sont insuffisamment documentés et pris en compte dans le processus d’autorisation des pesticides.

Il conclue que les données sur l’exposition des travailleurs aux pesticides «sont lacunaires et aucune organisation en France n’est en charge de les produire. Ces données, qui peuvent également être utilisées dans le cadre de l’homologation des produits, sont pour certaines produites par des organismes non indépendants (ayant un intérêt économique à la vente de pesticides, soit directement via la vente de produits soit indirectement via la commercialisation de produits d’aval)».

Les experts déplorent également l’accès difficile à ces informations, en raison de la confidentialité et de l’absence de centralisation des informations«Ces exigences de confidentialité sont parfois interprétées de façon excessive, empêchant de traiter correctement les enjeux de santé publique».

L’agence souligne le problème des conflits d’intérêts, notamment dans la formation et le conseil préventif : «une grande partie des missions de conseil relatives à la réduction d’utilisation des pesticides et à la prévention est confiée à des personnes appartenant à des entreprises dont les bénéfices commerciaux sont directement dépendants de l’usage de pesticides (…) Ce constat soulève la question des conflits d’intérêt dans lesquels s’inscrivent ces prestations».

Le plan Ecophyto, est également critiqué «La santé au travail des personnes travaillant dans l’agriculture est un élément très secondaire dans les débats qui accompagnent et régulent les choix techniques dans le secteur agricole en France».

De nombreux rebondissements autour de la parution de ce rapport

Si la publication a été retardée de la dernière date de parution proposée en juin, c’est en raison d’une situation inédite à l’ANSES. En effet, deux experts du groupe de travail (Sonia Grimbuhler de l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture, Irstea et Guy Milhaud de l’Ecole vétérinaire d’Alfort) ont soumis une position minoritaire à la direction de l’Anses. Tous deux ont en commun d’être membres du Comité d’Experts Spécialisé de l’Anses, groupe chargée d’évaluer les risques des pesticides préalablement à leur homologation, dont la pratique est précisément interrogée dans ce rapport !

« Tous les membres du groupe ont eu une totale liberté d’expression au cours des discussions et chacun a eu la possibilité d’exprimer d’éventuelles positions divergentes. J’ai été très surpris, comme d’autres, de voir une opinion divergente surgir après la finalisation du rapport. » témoigne Onil Samuel au journal Le Monde, toxicologue à l’Institut national de santé publique du Québec. L’Anses a saisi son comité de déontologie pour savoir comment traiter le problème. La position minoritaire a finalement été incluse en annexe.
Le rapport est donc paru en milieu d’été, au risque d’amoindrir sa portée médiatique.«L’Anses nous avait habitués à mieux», regrette François Veillerette, porte-parole de Générations futures. Ce rapport a été présenté ce jeudi 28 juillet à Ségolène Royal en présence de Générations Futures et Phyto-Victimes qui ont salué le travail sérieux et nécessaire mené par les experts ayant oeuvré dans le cadre de cette saisine de l’ANSES.

Rapport de l’ANSES – Publication du rapport sur les expositions professionnelles aux pesticides : mieux connaître et réduire les expositions

 

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