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Une étude révèle une augmentation alarmante du TFA (acide trifluoroacétique), un produit chimique éternel, dans des vins européens

Une nouvelle étude publiée aujourd’hui par le Pesticide Action Network (PAN Europe) met en lumière une contamination de certains vins européens par l’acide trifluoroacétique (TFA), un composé PFAS persistant dans l’environnement. Le rapport intitulé « Message from the Bottle – The Rapid Rise of TFA Contamination Across the EU » révèle des résultats inquiétants qui appellent à une action immédiate des autorités européennes.

L’étude a analysé 49 vins provenant de 10 pays européens, dont 39 vins récents et 10 vins anciens. Les résultats sont sans appel : tous les vins récents contenaient du TFA, avec une concentration médiane de 110 microgrammes par litre (µg/l) et des pics atteignant 320 µg/l. Ces niveaux sont environ 100 fois supérieurs aux concentrations déjà préoccupantes mesurées dans les eaux de surface et l’eau potable.

En revanche, aucune trace de TFA n’a été détectée dans les vins antérieurs à 1988, confirmant une origine possiblement récente de cette contamination. L’étude révèle également une accélération marquée de la contamination depuis 2010.

Des pesticides PFAS identifiés comme source probable de contamination

L’analyse a également détecté jusqu’à huit pesticides différents dans 94% des vins conventionnels testés, dont deux fongicides appartenant à la famille des PFAS : le fluopyram et le fluopicolide. Fait notable, les vins présentant les plus fortes concentrations de TFA (moyenne : 176 µg/l) contenaient également, en moyenne, deux fois plus de résidus de pesticides que ceux moins contaminés par le TFA (moyenne : 58 µg/l).

« Ces résultats confirment la contamination croissante de notre chaîne alimentaire par des produits chimiques éternels », déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. « La présence systématique de TFA dans tous les vins récents illustre la gravité de cette pollution environnementale diffuse. L’Europe doit agir de toute urgence pour interdire les pesticides PFAS et autres sources de TFA, car ce que nous observons aujourd’hui n’est probablement que la partie émergée de l’iceberg d’une contamination qui affecte l’ensemble de notre alimentation. »

Le professeur Michael Müller de l’Université de Fribourg, qui a conduit des analyses indépendantes confirmant ces tendances, qualifie cette accumulation de TFA dans les aliments d’origine végétale de « signal d’alarme qui appelle à une action décisive ». Il note que « les niveaux les plus faibles ont été observés dans les vins issus de l’agriculture biologique cultivés sur des terres exemptes d’intrants chimiques depuis des décennies », suggérant un lien entre l’utilisation des pesticides PFAS et les niveaux élevés de TFA.

Une contamination qui s’aggrave rapidement

La gravité de la situation est confirmée par la comparaison avec les données officielles de l’UE. En 2017, une étude réalisée pour la Commission européenne avait mesuré dans 27 vins européens une concentration médiane de 50 µg/l, avec un maximum de 120 µg/l. Aujourd’hui, la médiane a plus que doublé pour atteindre 110 µg/l, avec un pic à 320 µg/l.

« Ces conclusions constituent un signal d’alarme clair pour l’UE », souligne Salomé Roynel, chargée de mission chez PAN Europe.« Mi-mai, les États membres de l’UE sont invités à voter sur la proposition de la Commission visant à interdire le flutolanil, un pesticide PFAS émetteur de TFA. Nous espérons qu’ils comprendront qu’il s’agit d’un moment décisif pour l’avenir de notre eau, de notre alimentation et, in fine, de notre santé, et qu’ils voteront en faveur de son interdiction

Un enjeu de santé publique majeur

Longtemps considéré comme relativement inoffensif, le TFA est désormais soupçonné de présenter des risques pour la santé reproductive humaine. Une étude de 2021, commandée par l’industrie des pesticides dans le cadre du règlement REACH, a révélé de graves malformations chez des fœtus de lapin exposés au TFA.

Helmut Burtscher-Schaden, chimiste environnemental chez GLOBAL 2000 et initiateur de l’étude, appelle à une action immédiate : « Nous ingérons probablement beaucoup plus de TFA par notre alimentation qu’on ne le pensait auparavant. La forte augmentation de la contamination depuis 2010 est particulièrement inquiétante. Il est urgent d’agir pour stopper toute nouvelle émission de TFA dans l’environnement. »

L’étude a été menée en collaboration avec les membres et partenaires de PAN Europe dans dix pays : Autriche, Belgique, Croatie, France, Allemagne, Grèce, Hongrie, Italie, Luxembourg et Espagne.

À propos du TFA

Le TFA est le produit final non dégradable de la décomposition d’autres composés PFAS, utilisés notamment dans les technologies de réfrigération ou comme substances actives dans les pesticides. Selon l’Agence allemande de l’environnement, les pesticides PFAS issus de l’agriculture représentent 76% de la contamination annuelle des eaux souterraines par le TFA, suivis des émissions provenant des pluies (17%) et des stations d’épuration et du fumier (3% chacun).

Des scientifiques de renom ont récemment qualifié l’augmentation spectaculaire de la contamination par le TFA dans le cycle de l’eau et la biosphère de « menace planétaire ».

Lire le rapport complet en français et en anglais

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