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Nouvelle expertise collective (INRAe) sur les bénéfices de la diversification végétale

©INRAe
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Le 20 octobre, l’INRAe a publié une nouvelle expertise collective à propos des bénéfices de la diversification végétale. Ce travail est issu d’une commande du gouvernement en 2019 qui souhaitait une synthèse des connaissances internationales disponibles (+ de 2000!). Il s’inscrit dans le cadre du plan Ecophyto 2+ et alimente le Programme Prioritaire de Recherche (PPR) « Cultiver et protéger autrement » qui invite la recherche à concevoir des systèmes de culture sans pesticides de synthèse.

« Les conclusions de cette expertise, présentées ce 20 octobre, montrent notamment que la diversification végétale des parcelles et des paysages agricoles est une solution naturelle efficace pour protéger les cultures et garantir des niveaux de rendement égaux voire supérieurs aux systèmes peu diversifiés. Il s’agit d’un levier majeur pour préserver l’environnement et la santé humaine. »

Un cadre européen propice au changement mais limité par les états membres

Les stratégies et politiques menées à l’échelle de l’Union Européenne portent des objectifs qui se veulent ambitieux : le Pacte Vert vise à l’horizon 2030 une réduction de 50 % de l’usage des pesticides, ainsi qu’une augmentation jusqu’à 25 % de la part des surfaces agricoles cultivées en agriculture biologique. Il y a aussi la volonté d’augmenter les surfaces à « haute diversité biologique » de 10%. Néanmoins, l’INRAe explique les limites de ces objectifs : « Malgré la prise en compte de ces enjeux dans les politiques publiques, la transition vers des systèmes de culture plus économes en pesticides n’est aujourd’hui pas suffisamment développée pour atteindre les objectifs fixés. Cela s’explique notamment par un manque de recul critique et de vision d’ensemble sur l’efficacité « au champ » de la solution agroécologique que représente la diversité végétale pour protéger les cultures tout en favorisant la biodiversité et les services écosystémiques. »

La diversification végétale comme solution

Revenons d’abord sur le concept. La diversification végétale « consiste à faire cohabiter de nombreuses espèces végétales, et couvre une large gamme de situations et de pratiques. Parmi elles, les mélanges variétaux, déjà bien développés, les associations de cultures, dont l’agroforesterie,  mais aussi les cultures intermédiaires entre deux cultures ou encore les infrastructures agroécologiques autour de la parcelle cultivée. » 

Les chercheurs ont mis en lumière différents bénéfices :

  • Elle est un atout pour la biodiversité associée : agroforesterie +61%, inclusion de couverts végétaux en période d’interculture +21%, rotations de culture +37%.
  • C’est aussi un atout pour la régulation des bioagresseurs  (insectes ravageurs, plantes adventices, champignons pathogènes).  L’utilisation de couverts végétaux en interculture, en particulier, permet d’augmenter le contrôle des bioagresseurs de 125 %.
  • Grace à la diversité végétale, les cultures peuvent voir leur rendement augmenter de 2 à 47%. 

Les pouvoirs publics : un rôle de première ligne

Les chercheurs de l’expertise rappellent que les politiques agricoles définissent en grande partie le chemin qui va être emprunté par les agriculteurs : «  Les pouvoirs publics, en tant que régulateurs, ont un rôle essentiel à jouer dans ces choix en mettant en place des politiques publiques incitatives (subventions, payement pour service environnemental…) cohérentes et contraignantes (interdiction ou limitation de certains pesticides, obligation de maintenir des espaces semi-naturels…). » Dans leur synthèse, ils soulignent fortement que pour : « sortir des verrouillages systémiques de ce modèle dominant très stable nécessite donc des politiques publiques ambitieuses, ainsi qu’une évolution du cadre juridique régissant la gestion des espaces agricoles. »

 « Les politiques publiques apparaissent ainsi comme un levier central pour inciter et accompagner le développement de la diversification végétale. »

Enfin, ils soulignent aussi que des actions indirectes peuvent être mise en place dans un premier temps pour permettre de faire le virage vers un modèle agricole plus durable grâce à : » l’interdiction de l’usage des pesticides les plus toxiques, ou de leur taxation à hauteur des externalités négatives que leur usage génère. »

Ce positionnement ne fait que confirmer les demandes de Générations Futures quant au nécessaire levier politique sur la question des pesticides. Il est grand temps que le gouvernement français agisse en conséquence des réalités scientifiques et agricoles en accompagnant sérieusement les agriculteurs vers un modèle durable respectueux de l’environnement et donc de notre santé.

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