Rappel des faits : grâce à des prélèvements d’eau réalisés en septembre 2023 Générations Futures révélait en février 2024 l’existence de rejets d’acide trifluoroacétique (TFA) très importants par la plateforme chimique de Salindres ainsi que la présence de ce composé perfluoré à des concentrations importantes dans la rivière Gard et au robinet à des kilomètres en aval de Salindres.
Des rejets de PFAS toujours importants
En avril dernier, Générations Futures a réalisé de nouveaux prélèvements d’eau dans les rejets de la plateforme chimique de Salindres, dans les rivières Avène et le Gardon, ainsi que dans l’eau du robinet à Moussac (située en bordure du Gard).
Résultats : Ces nouvelles analyses confirment les premières ! En effet les concentrations de TFA retrouvées dans les rejets de la plateforme chimique sont de 6700 µg/l (contre 7600 µg/l dans les prélèvements 2023). Même chose pour l’acide triflique, un autre composé perfluoré (1400 µg/l en 2024 vs 2200 en 2023). De plus Générations Futures a pu faire rechercher en avril 2024 un nouveau composé perfluoré : le TFSK. Ce composé a été retrouvé à une concentration de 380 µg/l dans les rejets industriels ! Bien qu’une légère diminution soit observée, la teneur en perfluorés dans les rejets de la plateforme reste donc clairement dans le même ordre de grandeur que celle que nous révélions en début d’année.
La DREAL Occitanie a également publié les résultats de son suivi des PFAS dans les effluents aqueux des sites ICPE.
On remarque que nos résultats au rejet de la plateforme sont cohérents avec les rejets avant la station d’épuration ; la concentration en TFA est plus basse mais toujours très importante après la station, de même que pour l’acide triflique et le TFSK.
Les eaux de surfaces toujours polluées
De même, nos nouvelles analyses dans l’Avène et le Gardon indiquent que ces eaux de surfaces sont toujours polluées aux composés perfluorés, à des ordres de grandeurs similaires à nos premières analyses de 2023. Ainsi en avril 2024, et bien que le niveau des eaux des rivières soit bien plus élevé que lors de premiers prélèvements de septembre 2023, on retrouve toujours 1000 µg/l de TFA dans l’Avène juste après la confluence avec l’Arias (contre 3900 en 2023).
Nous avons également échantillonné dans le Gardon, plus en aval qu’en septembre 2023. Le prélèvement réalisé à hauteur de Remoulins, à une dizaine de km avant la confluence Gardon/Rhône, montre une concentration de 16 µg/l de TFA.
Le TFA est donc retrouvé à des concentrations importantes tout le long du Gardon jusqu’au Rhône…et probablement jusqu’à la mer !
Ces concentrations (1000 µg/L dans l’Avène et 16 µg/L dans le Gardon) sont extrêmement élevées au regard des concentrations en TFA retrouvées dans plusieurs rivières européennes. Nous avons en effet montré, en collaboration avec le réseau de PAN Europe, que l’ensemble des 23 rivières analysées en Europe est contaminé par du TFA. Les teneurs maximales que nous avons retrouvées dans cette campagne étaient de 3.3 µg/L dans l’Elbe en Allemagne et de 2.9 µg/L dans la Seine à Paris, soit des valeurs bien inférieures à ce qui est retrouvé dans l’Avène et le Gardon. Nos analyses indiquent donc de façon très claire que les rejets de la plateforme chimique de Salindres sont responsables d’un hot spot très important de contamination au TFA, probablement parmi les plus importants au niveau mondial.
L’eau potable et l’enjeu du TFA
Enfin nos nouvelles analyses montrent une concentration toujours très importante de TFA dans l’eau du robinet de Moussac : 11 µg/l en 2024 contre 18 µg/l en septembre 2023. Cette petite diminution de la concentration de TFA peut s’expliquer par une dilution des eaux de nappe par les pluies hivernales. Cette teneur est toujours 22 fois supérieure à la norme pour le total PFAS de 0.5 µg/L de la Directive européenne sur l’eau potable, 5 fois supérieures à la valeur sanitaire « indicative » de 2.2 µg/L proposée par les Pays Bas et supérieure à la valeur cible à atteindre selon l’agence allemande UBA de 10 µg/L.
De son côté l’ARS Occitanie a publié fin mai 2024, les résultats de sa campagne d’analyse des PFAS dans 326 prélèvements. Mais, comme nous l’avons déjà souligné, le TFA n’a pas été intégré dans cette campagne, sous estimant de façon très importante la quantité de PFAS contenue dans l’eau potable. Ces analyses, qui montrent que les ARS ont les capacités de réaliser des campagnes de grande ampleur sur les PFAS, aurait dû inclure à minima le TFA, mais également les autres PFAS produits à Salindres, sans se contenter de la liste établie de 20 PFAS listée par la directive européenne. L’Anses prévoit d’intégrer le TFA dans une campagne nationale exploratoire sur l’eau potable prévue pour 2024. 8 prélèvements seront effectués dans le département du Gard. Les résultats sont attendus pour 2025 seulement.
Les demandes de Générations Futures
Suite à ces nouvelles analyses, les demandes de Générations Futures restent les mêmes qu’en février :
- il est nécessaire de limiter les émissions à la source et d’abaisser drastiquement les quantités de TFA autorisées dans les rejets de la plateforme.
- Des mesures officielles du TFA dans l’eau potable devraient être réalisées au plus vite afin ensuite de prendre les mesures nécessaires pour rétablir la qualité de l’eau potable dans les villes concernées.