Après une première édition en février 2018[1], Générations Futures publie ce 6 juin 2019 une nouvelle édition de son rapport sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes consommés en France.
CONTEXTE.
Les résidus de pesticides présents dans les aliments préoccupent les consommateurs et consommatrices français(es) et européen(ne)s. Ainsi la présence de résidus de pesticides dans les fruits, légumes et céréales apparait au tout premier rang des préoccupations en matière de risque alimentaire en Europe ! En France ces résidus dans les fruits, légumes, céréales, infusion, aliments pour bébé font l’objet de plans de surveillance annuels réalisés par la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes). Malheureusement les consommateurs ne retirent pas une information réellement utilisable de ces plans de surveillance. En effet les résultats détaillés, aliment par aliment, ne font pas l’objet d’une communication grand public, seuls des résultats globaux étant la plupart du temps mis en avant. De plus, les résultats fournis sont irréguliers et pas forcément représentatifs : tous les aliments ne sont pas analysés tous les ans, ou alors le sont en nombre trop faible pour que les résultats trouvés soient réellement significatifs. Une grande ONG américaine (EWG) diffuse également des rapports sur les résidus de pesticides dans les aliments, mais ces rapports ne rendent pas compte de la situation française car les substances actives pesticides autorisées aux Etats-Unis ne sont pas les mêmes qu’en Europe et les pratiques agricoles sont différentes. C’est pourquoi aujourd’hui Générations Futures souhaite aller plus loin pour répondre à l’attente des consommateurs/trices français.es en leur permettant de pouvoir avoir accès à une information aussi complète et à jour que possible sur la présence de résidus de pesticides dans les fruits et légumes non bios réellement vendus et consommés en France.
DONNEES ET METHODOLOGIE.
Nous avons donc réalisé ce nouveau rapport en intégrant les données des plans de surveillance de 2012 à 2017 de la DGCCRF, ce qui représente une période d’étude de 6 années ! De plus, pour pouvoir fournir des résultats réellement significatifs nous n’avons retenu que les végétaux analysés au moins 5 années sur 6 et dans un nombre significatif d’échantillons. Le résultat est un rapport exclusif bâti sur les résultats de plus de 13 000 analyses ! En tout ce sont 18 fruits et 32 légumes qui ont pu être étudiés sur la base des données fournies par la DGCCRF.
Quels résultats ?
Présence de résidus de pesticides : Valeurs moyennes pour les fruits et légumes
Sur les 6 années, ce sont en moyenne 71,9% des échantillons de fruits qui contenaient des résidus de pesticides avec 2,9% de dépassement de la Limite Maximale en Résidus (LMR). Pour les légumes, la moyenne est de 41,3% des échantillons concernés et 3,4% de dépassement de LMR.
Présence de résidus de pesticides quantifiés : Valeurs détaillées par fruits et légumes
- La cerise (pour 89% des échantillons), la clémentine/mandarine (88,1%), le raisin (87,3%), le pamplemousse/pomelos (86,3%), les nectarines/pêches (83%), les fraises (82,9%), et les oranges (81,2%) sont tout en haut du classement pour la présence de résidus de pesticides quantifiés dans les échantillons analysés par les fraudes entre 2012 et 2017. Les fruits qui sont les moins concernés par cette présence de résidus de pesticides sont les prunes/mirabelles (50,8%) suivis des avocats (27,8%) et des kiwis (25,8%).
- De la même manière pour les légumes, ce sont les céleris-branches (84,9%), le céleri-rave (82,5%), les herbes fraîches (69,3%), les endives (67,2%), ou encore les laitues (66,5%) qui se retrouvent dans le haut du classement pour la présence de résidus de pesticides quantifiés sur cette période. En fin de classement, pour cette présence des résidus de pesticides, on trouve : les betteraves (6,9%), les madères/ignames (3,7%), les asperges (2,1%) et enfin le maïs doux (0,8%). Voir ci-dessous.
Quid des limites maximales en résidus ? Concernant les dépassements des limites maximales en résidus de pesticides, ces seuils légaux fixés par l’UE et qui ne doivent pas être dépassés, la palme revient :
- Pour les fruits aux ananas (9,6% des échantillons), suivi des cerises (5,2%), des kiwis (4,2%), des pamplemousses/ pomelos (4,2%) et des clémentines/mandarines (3,9%).
- Pour les légumes, ce sont les herbes fraîches qui dans 21,5 % des cas présentent des dépassements de LMR, suivi du céleri-branche (15,7%) puis du céleri-rave (10,8%) et des navets (8,8%).
- Enfin, dans les légumes, l’ail, le maïs, la pastèque et les potirons ne présentent aucun dépassement de LMR. En revanche, pour les fruits, tous ont été concernés par des dépassements de LMR.
DEMANDES.
Après la publication du précédent rapport de Générations Futures sur les résidus de pesticides en 2018, des professionnels avaient regretté que notre travail ne présente pas des données selon la zone de production des végétaux : France, UE, hors UE. Nous n’avions pas pu à l’époque réaliser ce type de présentation car les données fournies par la DGCCRF ne contenaient pas les éléments nécessaires. Nous avons donc demandé à la DGCCRF qu’elle nous transmette des données mentionnant les lieux de production des denrées analysées en 2018 et en 2019. Nous n’avons malheureusement reçu aucune réponse à ces demandes à ce jour. De même, nous souhaiterions pouvoir accéder aux données brutes afin de connaitre le détail des molécules retrouvées et le nombre de résidus par échantillons, informations qui font aussi défaut. Gageons que nous aurons ces éléments pour la mise à jour de notre rapport en 2021.
« Nous espérons que ce nouveau rapport apportera toutes les informations que les consommateurs français attendent sur la réalité de la présence de résidus de pesticides chimiques de synthèse dans leurs fruits et légumes non bios. » déclare François Veillerette, Directeur de Générations Futures « Bien sûr il faut encourager la consommation de fruits et de légumes. Mais aujourd’hui les consommateurs veulent bénéficier de leurs bienfaits sans avoir à ingérer en même temps des résidus de pesticides aux propriétés inquiétantes. Au-delà de constituer une source d’information utile au consommateur dans ses choix, nous souhaitons que ce rapport permette à tou.te.s de prendre conscience de la nécessité de changer les pratiques agricoles en sortant de notre dépendance à ces polluants dont certains présentent un danger pour notre santé et notre environnement. » ajoute t’il.
[1] https://www.generations-futures.fr/publications/residus-de-pesticides-dans-lalimentation-synthese-de-notre-classement/