Un nouveau scandale a lieu au niveau européen : des entreprises telles que Bayer et Syngenta auraient caché des études sur la neurotoxicité de leurs pesticides à l’EFSA, Agence européenne de sécurité des aliments, responsable de l’autorisation de mise sur le marché des pesticides.
Des produits dangereux autorisés alors qu’ils ne devraient pas l’être.
Des chercheurs suédois ont comparé les dossiers d’autorisations des entreprises fabricantes de pesticides qui ont été transmis à l’Environment Protection Agency (EPA) américaine et à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Résultats : pour 9 pesticides, les résultats défavorables issus des tests de toxicité pour le cerveau en développement n’ont pas été transmis à l’EFSA. Les chercheurs soulignent donc que cela entraîne la mise sur le marché de pesticides dangereux pour l’Homme et le Vivant et qui ne l’auraient probablement pas été si les dossier avaient été complets.
Cela concerne 9 substances autorisées dans la fin des années 2000 : abamectine, éthoprophos, buprofézine, fénamidone, fénamiphos, fluaziname, glyphosate-trimésium, pymétrozine, pyridabène.
Yehezkel Ben-Ari, directeur de recherche émérite à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), affirme dans le journal Le Monde qui a relayé l’étude en France que : « Ces travaux doivent être considérés d’autant plus sérieusement que les impacts des pesticides sur les troubles du neurodéveloppement sont avérés de manière univoque, non seulement sur des animaux de laboratoire, mais aussi sur les humains ».
Toujours dans le même article, M. Ben-Ari, chercheur sur les processus de maturation cérébrale souligne que ; « Les conséquences sur la prématurité et l’incidence de l’autisme sont claires mais pas seulement : nombre de maladies naissent en réalité in utero, et des travaux récents suggèrent que certaines maladies neurodégénératives ont, aussi, une origine intra-utérine. »
Un réel besoin de réviser la méthodologie d’évaluation des pesticides
Ces nouvelles révélations montrent une nouvelle fois le jeu des lobbies de l’industrie agro-chimique.
A l’heure actuelle, 4 produits n’ont pas été renouvelés et 4 sont en cours de réexamen. L’abamectine a été réautorisée en 2023 avec des mesures d’utilisation drastiques et une baisse du seuil d’exposition réglementaire à l’être humain. Cette décision a été attaquée en justice début mai par Pesticide Action Network Europe, dont Générations Futures est membre.
Les chercheurs de l’étude le soulignent, il est primordial de réviser la méthodologie d’évaluation et de mise sur le marché des pesticides. Il est impossible de cautionner sciemment cette tricherie de la part des industriels et les impacts sanitaires et environnementales que cela représente. Générations Futures plaide depuis de nombreuses années pour la révision des méthodes d’évaluation et de mise sur le marché des pesticides. En témoigne les deux derniers rapports sur les failles d’évaluation des risques pour les riverains et le dossier sur la génotoxicité du glyphosate.
Les élus européens et l’EFSA réagissent.
Suite à ces découvertes, la députée Marie Toussaint a appelé à l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire pour comprendre les enjeux du problème. En parallèle, Pascal Canfin, Président de la Commission Environnement du parlement européen, a annoncé mettre en place une audition publique des chercheurs et des entreprises.
Cette étude a fait le sujet de discussions lors du Conseil de la Commission Environnement du 5 juin 2023 où les eurodéputés ont échangé avec l’EFSA suite à une présentation d’une sur les politiques d’indépendance et de transparence de l’EFSA. Le chef du service des affaires juridiques de l’Efsa, Dirk Detken, a précisé qu’il existe désormais une procédure renforcée de notification automatique qui permettra à l’agence de prendre connaissance à l’avance de toutes les études qu’un demandeur d’autorisation d’un produit prévoit de transmettre pour réaliser sa requête.