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Publication de la nouvelle stratégie Ecophyto par le gouvernement

Un gros mensonge, de la méconnaissance du droit et de nombreux reculs ! 

Attendue pour janvier, puis pour le Salon de l’Agriculture, puis pour avril, c’est finalement début mai que la Stratégie Ecophyto 2030 aura été dévoilée, après des mois d’attente sous pression des syndicats agricoles FNSEA et Coordination rurale qui ne voulaient plus entendre parler d’objectif de réduction de l’usage des pesticides, le gouvernement vient sur ce point et sans surprise de leur donner satisfaction ! 

Le choix de l’indicateur : Casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre !

En effet, contrairement à ce qui est annoncé sur le fait que cette nouvelle stratégie confirmerait « l’objectif de réduction de 50 % de la consommation des produits phytopharmaceutiques par rapport à la moyenne triennale 2011-2013 « . La lecture de la suite démontre que cette affirmation est fausse car démentie par la phrase suivante qui précise que cette baisse « sera mesurée par l’indicateur de Risque Harmonisé 1 (HRI1), calculé par la Commission européenne qui permet de mesurer l’évolution de l’utilisation des substances actives en les pondérant par leurs mentions de danger. »

Ce nouvel indicateur ne permettra pas de calculer la consommation des pesticides et le plan Ecophyto nouvelle formule ne pourra donc pas être un plan de réduction de 50% de la consommation des pesticides, CQFD ! Le NODU, indicateur d’origine du plan Ecophyto sera purement abandonné… alors même que le Directive 2009/128 aurait permis de le conserver en plus du HRI1….En effet cette Directive précise clairement dans son article 15 que « les États membres peuvent continuer à utiliser les indicateurs nationaux existants ou adopter d’autres indicateurs appropriés, en complément des indicateurs harmonisés. ».

Exit le NODU  donc (contrairement à ce qui avait un moment été évoqué – conserver le NODU en plus du HRI1), le gouvernement faisant le choix d’un indicateur HRI1 trompeur puisqu’il affiche une baisse de 32% entre 2011 et 2021 alors que le NODU a, lui, augmenté de 3% de l’usage des pesticides pendant la même période (lire notre analyse sur les biais du HRI1  ). A la faveur du retrait de quelques substances actives au niveau européen le HRI1 va, par un artifice de calcul dénoncé dans une vidéo ici rapidement afficher une baisse de 50% …sans que les pratiques agricoles changent le moins du monde…Un vrai travail de prestidigitateur réalisé sans prendre en compte l’avis des  experts du Comité Scientifique et Technique du plan Ecophyto pourtant chargé de conseiller le gouvernement sur le sujet ( lire leur publication très critique du HRI1).

Pas d’interdiction, sans solution : l’antienne en dépit de la loi

Le gouvernement assène de nouveau son slogan ‘pas d’interdiction sans solution’ qui cache en fait une volonté de maintenir à tout prix des produits dangereux sur le marché encore quelques années de plus grâce notamment à des dérogations, sous la pression d’organisations de producteurs. Par cette assertion le gouvernement méconnait le fait encore réaffirmé très récemment dans un jugement de la Cour de justice de l’UE que « , lors de la délivrance des autorisations de mise sur le marché de produits phytopharmaceutiques, l’objectif de protection de la santé humaine et animale ainsi que de l’environnement « devrait primer » l’objectif d’amélioration de la production végétale » ( voir § 68 de l’arrêt de la Cour du 25 avril dernier ). Le slogan ‘Pas d’interdiction sans solutions’  ne possède donc pas de base légale pour les substances ou produits pesticides retirés du marché pour leur dangerosité pour la santé humaine ou l’environnement…

Les autres reculs de la Stratégie Ecophyto

A la lecture comparée entre la version d’octobre mise en consultation des parties prenantes, et cette version non soumise cette fois à la consultation des membres du Comité de Suivi du Plan dont Générations Futures est membre, on s’aperçoit aisément combien la pression du syndicat agricole dominant a porté ses fruits…Le suivi des substances considérées comme les plus dangereuses (PARSADA) sera uniquement sous la présidence du ministre de l’Agriculture alors qu’initialement les autres ministères concernés devaient y être associés. La France ne sera plus moteur pour engager l’UE vers une réelle reconception des systèmes agricoles. On est passés de l’envie de  « fixer des objectifs contraignants, ambitieux et harmonisés pour les États-membres de réduction des usages » (dans la version d’octobre) à  » travailler sur une harmonisation du régime d’autorisation de mise sur le marché des substances actives ». De même, la version d’octobre de la Stratégie affichait l’ambition de rendre plus accessible et transparente les usages des pesticides (notamment dans le cadre de la phytopharmacovigilance avec un accès aux registres d’épandage centralisé et anonymisé accessibles dans un format agrégé. Cette ambition a disparu dans la nouvelle version au profit d’une soit-disant amélioration de la BNVD … Out aussi les dispositifs de type phytosignal… Enfin, cette nouvelle version voit aussi disparaitre le Conseil stratégique et l’obligation de renouveler son Certiphyto tous les 5 ans ….

« La  stratégie Ecophyto proposée est sans surprise et confirme que le gouvernement de Gabriel Attal a fait des choix : celui d’enterrer le projet de réduire fortement la consommation de pesticides en France, celui de tout faire pour retarder le plus possible le retrait de certains pesticides dangereux, etc…Et en plus de faire ces choix contraires à l’intérêt général, à la préservation de notre santé et de l’environnement il prend les gens pour des imbéciles en prétendant ne rien avoir changé à la politique de réduction des pesticides en France !  » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures.  » La France a longtemps été considérée à l’avant-garde des pays portant une ambition de réduction des pesticides. Avec cette nouvelle stratégie elle rejoint les pays qui mettent tout en oeuvre pour que rien ne change, faisant régresser notre pays de 15 ans !  » conclut-il.

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