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Pesticides et indicateur de risque: le mauvais choix de l’UE

La révision de la réglementation pesticides est un moment législatif important dans le cadre de la “Stratégie de la Ferme à la Fourchette”. Il vise, entre autres, à agir sur  une baisse de 50 % des risques et des utilisations de pesticides, avec un focus sur les produits les plus dangereux (diminution de moitié en volume) d’ici à 2030 tant dans les États qu’au niveau européen. Suite à un premier report en mars, la proposition de révision de la réglementation doit être publiée le 22 juin 2022.

Nos ONG ont rappelé dans différents courriers les attentes fortes liées à ce texte, notamment le fait de fixer des objectifs de réduction d’utilisation et des risques réellement ambitieux et juridiquement contraignants, tant au niveau de l’UE que des États membres, concernant les pesticides de synthèse.

Sur cette question de l’objectif mesurable il y a un sujet majeur dont il faudra tenir compte: le choix de l’indicateur. Dans son effort pour rendre l’objectif de moins 50% mesurable et contraignant, la Commission européenne a proposé l’indicateur de risque harmonisé 1 (HRI 1) pour surveiller sa réalisation. Or cet indicateur actuellement en discussion est très problématique, c’est ce que démontre un rapport publié par nos collègues de Global 2000 Autriche et que nous avons traduit.

Ce que montre le rapport c’est que le HRI 1 discrimine le plus fortement les pesticides utilisés en agriculture biologique. Mais même au sein des pesticides conventionnels, il existe un biais systématique en faveur des plus toxiques, dont la toxicité est systématiquement sous-estimée lorsque le HRI 1 est appliqué. C’est particulièrement vrai pour les insecticides hautement toxiques tels que les pyréthrinoïdes ou les pesticides de type néonicotinoïde, en raison d’une corrélation inverse entre la toxicité des substances actives pesticides et leurs taux d’application par hectare. En raison de la sous-estimation systématique des risques des pesticides de synthèse (tels que les neurotoxines du groupe chimique des néonicotinoïdes, des organophosphorés ou des pyréthrinoïdes) et en même temps de la surestimation exorbitante des risques des substances actives utilisées en agriculture biologique d’origine naturelle, l’application du HRI 1 met en danger d’autres objectifs importants du Green Deal en plus de l’objectif de réduction des pesticides de 50%. Il s’agit notamment de l’inversion du déclin des pollinisateurs et de l’extension de l’agriculture biologique à 25 % de la superficie agricole de l’UE.

Lire le rapport en français et en anglais