L’acide trifluoroacétique aussi appelé TFA est un tout petit PFAS, extrêmement stable et donc particulièrement persistant dans l’environnement. Comme il est très mobile et très soluble dans l’eau, il se retrouve dans tous les milieux. En outre, les procédés habituels de traitement de l’eau potable ne peuvent pas éliminer le TFA.
Le TFA est de loin le PFAS que nous retrouvons le plus dans l’eau que nous buvons ! En s’accumulant dans les eaux, dans le sol, le TFA est également présent dans les cultures avec des concentrations croissantes depuis l’usage élargi des pesticides PFAS.
À l’échelle mondiale, la principale source de pollution par le TFA est un groupe de réfrigérants fluorés connus sous le nom de F-gaz. Ces gaz ont été utilisés depuis la fin des années 1980 pour remplacer les gaz réfrigérants qui détruisaient la couche d’ozone1. Les émissions de gaz fluorés se dispersent à l’échelle mondiale, se déposent en grande partie dans les océans et contaminent l’eau de pluie.
Les pesticides PFAS sont la deuxième source majeure de contamination par le TFA. Selon l’UBA, l’agence de l’environnement allemande, les pesticides PFAS représentent même 76 % du potentiel de rejet de TFA dans les eaux souterraines. En effet, les pesticides PFAS sont épandus de manière ciblée sur les cultures ce qui entraîne une contamination du sol, des cultures et des eaux souterraines, avec des répercussions directes sur les réserves en eau potable.
Une autre source de pollution des eaux de surface est le rejet direct d’eaux usées contaminées par l’industrie qui utilise le TFA comme matière première. Nous avons ainsi mis en évidence d’importantes émissions de TFA par Solvay à Salindres, BASF à Saint-Aubin-Lès-Elbeuf et Finorga à Mourenx.
Le TFA est toxique pour le foie et suspecté d’être toxique pour la reproduction humaine. Par ailleurs, il n’y a pas assez de données disponibles pour statuer à ce jour sur le caractère cancérogène, immunotoxique, neurotoxique ou perturbateur endocrinien du TFA. L’EFSA, l’autorité européenne de sécurité des aliments, a calculé en 2014 une dose journalière tolérable (DJT) de 50 µg/kg de poids corporel par jour pour le TFA. Cependant, cette évaluation ne prend pas en compte les lacunes importantes concernant les données toxicologiques. L’EFSA révise actuellement les valeurs toxicologiques de référence pour le TFA à la demande de la Commission européenne. Les industriels ont œuvré pour jeter le doute sur la toxicité du TFA afin de retarder les mesures de protection nécessaires.
A ce jour, il n’y a pas de limite réglementaire en vigueur en France pour le TFA dans l’eau. Pourtant d’autres pays européens surveillent les taux de TFA dans l’eau portable et ont établi des valeurs limites.
Pays Bas | valeur guide
2.2 μg/L |
Belgique (Flandres) | valeur guide
15.6 μg/L |
Danemark | norme de qualité
9 μg/L |
Luxembourg | valeur guide
12 μg/L |
Italie | limite réglementaire
10 μg/L |
Allemagne | norme de qualité
60 μg/L |
Les experts de l’ONG ChemTrust ont apporté de nombreuses réponses concernant les enjeux liés au TFA – traduction en français à télécharger ci dessous.
FAQ TFA – Chemtrust juin25 – FR
1 Protocole de Montréal (1987) : retrait des gaz chlorofluorocarbone (CFC). Dans un premier temps, les CFC ont été remplacés par les hydrofluorocarbures (HFC) qui ne détruisent pas la couche d’ozone mais qui se dégradent partiellement dans l’atmosphère en substances très persistantes comme le TFA et ont un potentiel de réchauffement planétaire extrêmement élevé. Depuis les années 2010, les HFC sont remplacés par les hydrofluorooléfines (HFO) qui ont un impact beaucoup plus faible sur le climat, mais se dégradent par contre rapidement et presque complètement en TFA.