Générations Futures Rechercher Télécharger Email
Je fais un don

Partager

Actualités

L’agriculture biologique utilise-t’elle des substances problématique ? – focus sur le cuivre

Avec l’essor de l’agriculture biologique (AB) en France ces dernières années (2022 : 8,3% de la surface agricole utile = 2 millions et demi d’hectares), Générations Futures constate une réaction organisée (blogs, réseaux sociaux, etc.) de ses détracteurs pour tenter de discréditer la filière. Leur leitmotiv ? L’AB utilise des produits pesticides à base de cuivre dont les impacts environnementaux justifient d’en faire une substance candidate à la substitution. Toutefois, ces mêmes personnes qui discréditent l’AB sur le cuivre oublient toujours de rappeler que l’agriculture dite “conventionnelle” (AC) en utilise aussi ! Jusqu’à une publication de l’ANSES de février 2022 sur l’utilisation du cuivre en agriculture, nous ne savions pas dans quelles proportions l’AC en utilisait. Puis cette publication a clairement révélé que l’AB n’est pas la plus grosse utilisatrice de cuivre en agriculture.

Brefs rappels sur le cuivre.

Le cuivre est une substance d’origine naturelle utilisée comme fongicide. Selon le ministère de l’Agriculture, il permet de prévenir ou traiter certaines maladies fongiques comme les mildious ou les maladies bactériennes des arbres fruitiers, de la vigne ou des productions légumières.

Le recours au cuivre comme pesticide d’origine naturelle est aujourd’hui sujet à controverses. Les produits à base de cuivre peuvent, en cas d’excès, conduire à une accumulation dans les sols et causer des problèmes éco toxicologiques (effets négatifs sur l’environnement) en impactant notamment certains microorganismes des sols, des vers de terre ou des collemboles.

Du fait de ces impacts éco toxicologiques, la substance est classée candidate à la substitution et a vu les doses homologuées diminuer de 6kg/ha/an à 4kg/ha/an en 2019. Des projets de recherche pilotés par la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique (FNAB) et financés dans le cadre d’Ecophyto explorent des solutions pour réduire encore l’usage du cuivre dans la lutte contre le mildiou comme le projet BasIC (Bas Intrant Cuivre).

Le recours au cuivre en agriculture biologique ET en agriculture conventionnelle.

L’agriculture biologique n’est pas la seule concernée par l’usage des produits à base de cuivre. Le rapport de l’Anses de février 2022 précise que :

  • Si l’AB est la plus concernée par l’utilisation du cuivre en agriculture : la part des surfaces concernées et les doses moyennes apportées sont généralement supérieures à celles de l’AC.
  • C’est l’AC qui utilise le plus de cuivre en tonnage compte tenu des surfaces totales en production : la quantité totale de cuivre utilisé en AC est 4,37 fois plus importante que celle utilisée en AB à l’échelle du pays. L’AC utilise plus de 81% du cuivre utilisé en agriculture.

Générations Futures a utilisé les données les plus récentes du rapport sur les quantités en tonnes de cuivre utilisées par les différentes filières pour réaliser le tableau suivant :

En conclusion pour l’argumentaire :

  • l’AB utilise du cuivre mais l’AC aussi (81% du cuivre utilisé en agriculture l’est par l’AC).
  • l’AC utilise en plus du cuivre des fongicides de synthèse en grandes quantités, ce qui est préoccupant compte tenu de leur toxicité (voir notre brochure sur l’impact sanitaire des pesticides). En effet, l’agriculture « conventionnelle » consomme en moyenne 406 g de fongicides de synthèse par hectare et par an. Cette quantité représente environ 4 fois la quantité moyenne de cuivre utilisée par hectare et par an par l’agriculture biologique… Cette consommation très importante de fongicides de synthèse, dont beaucoup ont une dangerosité inquiétante selon l’Union européenne comme, entre autres, le folpel ou l’imazalil (cancérogènes pour l’homme suspectés) ou le metconazole et le tebuconazole (reprotoxiques suspectés), montre clairement que l’agriculture dite ‘conventionnelle’ utilisant la chimie de synthèse doit de toute urgence réformer ses pratiques.
  • l’AB, contrairement à l’AC, s’inscrit depuis 2018 dans une démarche de réduction de la dépendance au cuivre dans le cadre du projet BasIC (pour Bas Intrant Cuivre) qui a pour objectif de :

– suivre les pratiques de réduction du cuivre et évaluer leur impact environnemental (sol, eau) et économique (rendements) en conditions réelles d’application.

– caractériser les systèmes faiblement consommateurs de cuivre et identifier des stratégies de réduction du cuivre.

– organiser le transfert des connaissances et la diffusion des résultats.

Pour aller plus loin !

Agissez

Inscrivez-vous pour suivre notre actualité

Inscription newsletter
×