En AB, on utilise aussi des pesticides ?

Avant toute chose, petit rappel sur la notion de « pesticides ».

Les « pesticides » sont des substances chimiques dont la terminaison en “cide” indique qu’ils ont pour fonction de tuer des êtres vivants, en l’occurrence leur(s) cible(s). Les insecticides seront donc toxiques pour leur(s) insecte(s)-cible(s), les herbicides pour les adventices (= les mauvaises herbes) et les fongicides pour leur(s) champignon(s)-cible(s). 

Les pesticides sont une catégorie large de substances qui peuvent être d’origine naturelle (se trouver dans l’environnement comme les purins d’orties ou de fougères, le cuivre, le souffre, etc.) ou de synthèse (à base de molécules fabriquées par l’Homme dans des laboratoires).

A savoir : en AB, aucun herbicide n’est autorisé pour lutter contre les herbes non désirées. On emploie des procédés mécaniques tels que les herses étrilles et les bineuses.

Les pesticides d’origine naturelle ont une faible persistance dans les milieux et se dégradent relativement rapidement sous l’effet de la pluie, de la lumière ou de la chaleur. Surtout, leur profil éco-toxicologique n’a rien à voir avec les pesticides de synthèse qui, en outre, se dégradent plus lentement – voire peuvent être persistants dans l’environnement.

Les pesticides d’origine naturelle sont autorisés en agriculture biologique (AB) ET en agriculture dite « conventionnelle ». Les pesticides de synthèse sont seulement autorisés en agriculture conventionnelle et interdits en AB.

Est-ce que l’AB a recours à des pesticides ?

Comme le précise l’Agence Bio, pour lutter contre des maladies ou des ravageurs, la logique de l’AB est d’agir au maximum en prévention, notamment via des techniques telles que l’utilisation de semences spécifiques, la rotation des cultures, le travail du sol, le paillage ou encore le désherbage thermique.

Il arrive cependant qu’en cas de menace avérée, les agriculteurs bio utilisent des pesticides d’origine naturelle, autorisés en filière bio et soumis à une règlementation stricte (le règlement européen 2018/848 qui précise l’ensemble des règles à suivre concernant la production, la transformation, la distribution, l’importation, le contrôle et l’étiquetage des produits biologiques).

Très peu de substances actives pesticides ne sont autorisés en AB. Comme nous l’avons démontré dans un rapport publié le 30 mai 2023, 33 substances sont autorisées contre 231 en agriculture conventionnelle.

En outre, lorsqu’une substance pose problème – comme ce fut le cas avec la roténone, substance insecticide désormais interdite – les bio prennent les devants et mettent tout en œuvre pour trouver des solutions alternatives à ces substances. En effet, qui dit pesticides d’origine naturelle ne signifie pas forcément « sans danger ». Certains sont à utiliser avec précaution et avec modération car ils ne sont pas sans effet indésirable pour la biodiversité comme le soufre, le cuivre ou le spinosad.

Conclusion : oui, l’AB peut avoir recours à des pesticides d’origine naturelle, autorisés en bio (nombre limité de substances autorisées), mais ce sera toujours en dernier recours. La recherche rapide d’alternatives sera de mise en cas de suspicions d’effets indésirables engendrés par une substance.