La première question à laquelle les fabricants doivent répondre est “est-ce que des métabolites se forment lorsque la substance active se trouve dans le sol ou dans l’eau? Pour cela, des études de dégradation de la substance active doivent être fournies.
Pour les métabolites identifiés dans les études de dégradation, une modélisation doit être faite pour connaître les concentrations prévisibles dans les eaux souterraines. Pour faire cette modélisation, il est nécessaire de connaître certaines propriétés environnementales sur les métabolites : le durée de dégradation (durée de demi-vie ou DT50) et leur capacité à s’adsorber sur la matière organique (reflétée par le Koc = le coefficient de partage carbone organique/eau ).
Des études de toxicologie sur les métabolites sont demandées, afin d’évaluer leur pertinence, uniquement pour les métabolites prédits dans les eaux souterraines à plus de 0,1 µg/L. Pour ces métabolites, une évaluation de leur potentiel génotoxique (capacité à altérer l’ADN) est requise avec l’obligation de fournir au moins 3 tests réalisés in vitro. Ces 3 tests de génotoxicité sont les seules études obligatoires que les firmes doivent fournir pour évaluer la toxicité des métabolites.
D’autres études peuvent être demandées mais sans obligation et au cas par cas, en fonction de la toxicité de la substance active. Ainsi, pour certains métabolites, des études de toxicité à court terme sont disponibles. Toutefois, d’après notre expérience, aucune étude de toxicité à long terme ou de cancérogénicité n’a jamais été demandée pour évaluer la toxicité des métabolites. Le potentiel reprotoxique (altération de la fertilité ou du développement du fœtus) est aussi très peu étudié. L’Anses a constaté que les données de reprotoxicité pour les métabolites étaient “soit inexistantes, soit insuffisantes pour explorer de manière complète le potentiel reprotoxique”
En résumé, l’étude de la toxicité des métabolites dans les dossiers réglementaires est très lacunaire. Les pesticides sont autorisés sans évaluation complète des métabolites.