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71% des métabolites de pesticides à risque pour l’eau potable n’ont fait l’objet d’aucun suivi dans les eaux souterraines ou l’eau potable !

Générations Futures révèle, dans un rapport exclusif publié ce jour, une surveillance de l’eau très insuffisante et une sous-estimation importante de la pollution des eaux en France.  

D’après les analyses officielles menées par les agences françaises[1], les métabolites, produits de dégradation des substances actives pesticides dans l’environnement, contaminent davantage les eaux potables que les substances elles- mêmes. Pourtant, bien que les autorités publiques soulignent fréquemment que “l’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés en France[2]”, nous constatons en réalité que peu de métabolites de pesticides sont intégrés dans la surveillance de l’eau potable au regard du nombre très importants de métabolites existants. De plus, lorsque cette surveillance est instaurée, elle intervient souvent tardivement, parfois après l’interdiction des substances actives.

Face à ce constat, une question se pose : et si les métabolites de pesticides qui sont actuellement inclus dans les analyses ne représentaient que la partie émergée de l’iceberg ?  Nous avons donc investigué pour savoir s’il existait d’autres métabolites de pesticides susceptibles de contaminer les eaux souterraines et l’eau potable mais qui ne sont pas encore recherchés. Et les résultats de nos investigations que nous publions aujourd’hui sont pour le moins inquiétants ! 

Notre enquête : un travail minutieux et fouillé

Face à la multitude de substances actives pesticides existantes pouvant générer des métabolites, il a été nécessaire de prioriser nos recherches. Nous nous sommes concentrés sur l’étude de 88 substances pesticides autorisées ou ayant été autorisées en France depuis 2011 et à risque de générer des métabolites mobiles. En se basant sur les dossiers d’évaluation des pesticides de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) pour ces 88 substances, nous avons établi une liste des métabolites à risque de contaminer les eaux souterraines et de dépasser la norme de 0,1 µg/l pour l’eau potable.

A noter : Cette norme de 0.1µ/l s’applique aux pesticides et à leur métabolites pertinents, c’est-à-dire pouvant générer un risque sanitaire pour les consommateurs. La majorité des métabolites n’ayant pas été évalués, ils doivent être par défaut considérés comme pertinents. Par conséquent la limite de 0.1µg/L s’applique à la très grande majorité des métabolites que nous avons étudiés.

Pour déterminer si ces métabolites identifiés comme à risque sont effectivement recherchés ou non, nous avons listé tous les métabolites qui ont été analysés au moins une fois dans les eaux souterraines et/ou potables ces 2 dernières années par les agences chargées de la surveillance des eaux en France.

Et alors qu’avons-nous découvert ?

Nos résultats : Des dizaines de métabolites problématiques passés sous silence !

Plusieurs conclusions sont à tirer de nos investigations :

  • L’utilisation des pesticides de synthèse est une menace pour la qualité des masses d’eau souterraines : Sur les 88 substances actives étudiées, nous en avons identifié 39 générant 79 métabolites risquant de contaminer les eaux souterraines françaises à des concentrations supérieures à 0.1 µg/L d’après l’Anses. Les ventes en France de ces 39 substances à risque s’élevaient à 8330 tonnes en 2021. 
  • La surveillance des eaux est largement insuffisante et la pollution est donc sous-estimée :  23 métabolites sur les 79 que nous avons identifiés ont fait l’objet d’un suivi dans les eaux en 2022/2023. Au contraire, 56 métabolites à risque de dépasser la norme pour l’eau potable n’ont fait l’objet d’aucun suivi dans les eaux souterraines ou l’eau potable d’après nos recherches. La pollution des eaux françaises par les métabolites de pesticides est donc potentiellement très sous-estimée !

  • 12 métabolites particulièrement à risque non suivis :  Parmi ces 56 métabolites non suivis, nous avons identifié 12 métabolites particulièrement à risque, dont les concentrations prédites dans les eaux souterraines sont très élevées. 8 de ces métabolites sont issus de substances actives cancérigènes mutagènes ou reprotoxiques (CMR) ou perturbatrices du système endocrinien.
  • Parmi ces 12 métabolites les plus préoccupants, figurent le TFA, métabolite commun à de nombreux pesticides fluorés retrouvés et présents dans la majorité de l’eau potable en Europe[3]. Le TFA est considéré par l’Allemagne comme toxique pour la reproduction probable. On retrouve également le DIPA, métabolite persistant de l’herbicide tri-allate jugé potentiellement génotoxique et dont certains usages conduisent à des concentrations calculées dans les eaux souterraines de 42 µg/L soit 420 fois au-dessus de la norme pour l’eau potable !

Mais alors pourquoi ces métabolites ne sont-ils pas suivis ?

Pour Générations Futures il y aurait plusieurs raisons possibles :

  1. la méthodologie utilisée pour sélectionner les métabolites à suivre n’est pas pertinente.  Entre autres, les propriétés intrinsèques des métabolites concernant leur capacité à persister dans les sols et à lessiver vers les eaux souterraines ne sont pas prises en compte.
  2. il y a probablement un manque de communication entre les services de l’Anses, qui sont au courant des risques avant même la mise sur le marché des produits, et les services de la Direction Générale de la Santé du ministère de la Santé et des Agences Régionales de Santé chargés du contrôle sanitaire de l’eau potable.
  3. La non mise à disposition par les industriels d’étalons analytiques pour de nombreux métabolites freine l’élargissement nécessaire des recherches des métabolites de pesticides dans l’eau.

Nos demandes sur ce sujet des métabolites de pesticides

Face à ces résultats, nous proposons d’agir immédiatement en améliorant drastiquement la surveillance des métabolites dans l’eau, en sélectionnant mieux les substances à suivre et en obligeant les industriels à fournir tous les étalons analytiques nécessaires. Afin de préserver la ressource, l’usage des pesticides dans les aires d’alimentation de captages doit être interdit rapidement. Il est nécessaire de soutenir financièrement les agriculteurs dans leur conversion vers des systèmes moins dépendants des pesticides.

« Notre rapport montre que le suivi des métabolites de pesticides dans les eaux en France ignore de très nombreuses substances pourtant à risque d’être présentes dans l’eau selon les dossiers d’évaluation. Cette situation sous-estime grandement le risque de pollution! » déclare François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. “Il est choquant de constater que les risques de contamination des nappes phréatiques par les métabolites sont connus avant la commercialisation des produits pesticides. Pourtant, l’usage de ces pesticides est tout de même accordé, en toute connaissance de cause, et aucune surveillance n’est mise en place, ce qui est tout bonnement scandaleux!” ajoute Pauline Cervan, toxicologue et chargée de mission chez Générations Futures. « Générations Futures demande la mise en place rapide d’un plan d’action pour améliorer la surveillance des métabolites et relancer une politique ambitieuse de diminution de l’usage des pesticides en France. » concluent les représentants de l’association.

Téléchargez le dossier

Upload our Press release in english : Pesticide Metabolites Report : The Tip of the Iceberg

Question au gouvernement du député écologiste Jean-Claude Raux ce jour

Pour aller plus loin

Vous vous posez des questions à propos des métabolites de pesticides ? Nous vous proposons cette FAQ qui sera mise à jour régulièrement.  Nos équipes vont tacher de répondre à toutes vos questions dans notre FAQ comme :

Extrait des nombreuses retombées presse du dossier métabolites

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